Un constat alarmant. Près de 214.000 personnes ont fait appel aux Banques alimentaires en 2023, a indiqué la Fédération belge des banques alimentaires ce vendredi. Cela représente une augmentation de 27% par rapport à 2019.
Au total, 23.500 tonnes de nourriture ont été distribuées grâce au travail de 673 associations locales. Pour l'administrateur délégué de la Fédération, Marc Mertens, cette hausse de la demande découle de la hausse des prix de l'énergie et des denrées alimentaires, notamment causée par la situation géopolitique actuelle. "De plus en plus de familles monoparentales, de retraités et d'étudiants n'ont pas eu d'autre choix que de se rendre dans une de nos organisations affiliées pour pouvoir se nourrir", pointe-t-il. Parmi les bénéficiaires de cette aide alimentaire, un cinquième d'entre eux est âgé de moins de 14 ans et 21% sont des mères isolées.
Au total, les Banques Alimentaires ont distribué 23.571 tonnes de denrées en 2023 (+2% par rapport à 2022). Cela a représenté 47 millions de repas, soit l'équivalent de quatre repas par semaine et par bénéficiaire.
En dépit de l'augmentation de la demande, la quantité de denrées distribuée par bénéficiaire est restée similaire aux années précédentes. Grâce à un appel lancé par la Fédération de l'industrie alimentaire belge (FEVIA) et à la baisse des prix des matières premières, le volume total de denrées offert par l'industrie alimentaire a atteint 5.692 tonnes, soit 16% de plus qu'en 2022. Le volume de nourriture reçu de la grande distribution a également augmenté de 7,7% en 2023, atteignant 7.779 tonnes. De plus, 8.169 tonnes de vivres ont été offerts par le Fonds social européen (FSE+).
Afin de répondre à la demande croissante d'aide alimentaire, la Fédération a toutefois dû acheter elle-même 1.311 tonnes de nourriture (+3,2% par rapport à 2022 et + 65% par rapport à 2020).
À l'approche des élections, la Fédération a en outre adressé un mémorandum à l'ensemble des partis politiques, afin de mettre en lumière certains éléments qui entravent le bon fonctionnement des banques alimentaires.
L'organisation préconise notamment de supprimer la durée maximale pendant laquelle les entreprises peuvent faire don de denrées alimentaires. Actuellement, elles ne sont autorisées à le faire que dans les 15 jours précédant la date de péremption des produits, sous peine de ne pas pouvoir récupérer la TVA. Par conséquent, de nombreuses entreprises choisissent plutôt de vendre ces produits à très bas prix ou de les détruire, notamment pour économiser des frais de stockage.
De plus, dans de nombreux cas, il est plus avantageux d'un point de vue fiscal de détruire les excédents alimentaires que d'en faire don. À titre d'exemple, les entreprises doivent payer des droits d'accise lorsqu'elles donnent des boissons non-alcoolisées, alors qu'elles récupèrent ces droits si elles détruisent ces marchandises. De même, les taxes sur les emballages et les droits d'importation ne sont pas récupérés dans le cas d'une donation, mais le sont en cas de destruction. La FBBA plaide dès lors en faveur de mesures fiscales supplémentaires, afin d'encourager les entreprises à faire don de leurs denrées aux banques alimentaires.