Lundi, le président français Macron a donc annoncé le début du déconfinement dans l'Hexagone pour le 11 mai.
Et par quoi commencera ce déconfinement? Par la rentrée en classe des élèves de primaires et de secondaires. Les étudiants des écoles supérieures et unifs, eux, resteront chez eux.
En Belgique, on le sent, la tentation est forte de faire un copié-collé des mesures annoncées par le voisin français. Elio Di Rupo, qui participe au Conseil National de Sécurité qui annoncera la prolongation du confinement en Belgique ce soir, ne s'en cache d'ailleurs pas: ce mercredi matin, il annonçait que "quelque chose pourrait se passer dans les écoles dans le courant du mois de mai". Traduisez: "on envisage très sérieusement de renvoyer les gamins en classe". Le Conseil National de Sécurité a finalement décidé ce mercredi...de ne pas décider. Même si on sait que, c'est désormais certain, personne ne retournera à l'école avant le 3 mai. Mais, donc, pas de date comme en France. Même si, on le sent, l'envie est là. La pression aussi.
Tout cela alors que virologues, épidémiologistes et médecins, ont des doutes plus que sérieux sur l'opportunité de rouvrir les écoles. Marius Gilbert, notamment, estimait mardi que ce n'était pas une bonne idée.
Et ce n'est que pure logique: comment ne pas imaginer qu'il s'agit là d'un risque sérieux de créer un rebond de l'épidémie qui pourrait s'avérer fatale et nous mettre sur la voie d'un scénario catastrophe à l'italienne?
Parce que ne rêvons pas: si le monde politique garantit déjà que les écoles ne pourront rouvrir qu'en respectant certaines mesures, comment envisager une reprise des cours en préservant la distanciation sociale dans des classes bondées, lors des récréations? Comment envisager une reprise sans que tout le monde porte un masque dans les écoles, en évitant la cohue habituelle à l'entrée et à la sortie?Et on ne parle même pas des bus, à nouveau bondés, des déplacements dans tous les sens, des grands-parents sollicités pour récupérer les mômes. En clair, remettre les gosses en classe, c'est bien plus que cela. Et des impacts en cascade.
Et puis une question se pose: pourquoi envisager cette rentrée précoce?
La première réponse consiste peut-être à se dire que les jeunes sont moins impactés par le Coronavirus et que, si on veut créer une immunité collective dans la population, c'est par eux qu'il faut passer. C'est sans compter sur le fait que de nombreux jeunes sont peut-être porteurs sains et risquent donc, effectivement d'être les initiateurs du fameux rebond tant craint.
La deuxième possibilité pour justifier le retour en classe est beaucoup plus pernicieuse. Des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent pour que l'économie reprenne ses droits, que les usines redémarrent, que les magasins rouvrent.
Pour cela, il faut remettre les gens au boulot. Et le meilleur moyen d'en convaincre tout le monde, c'est précisément de renvoyer les élèves au charbon. Parce que tant qu'ils seront à la maison, les réticences pour reprendre le travail seront beaucoup plus fortes chez les parents.
Osons le dire: remplir les écoles dans le courant du mois de mai relève purement de la logique économique qui pourtant, à l'heure actuelle, s'oppose encore à la logique de préservation de la santé des populations.
Si les bancs des écoles se remplissent à nouveau dans le but de refaire tourner la planche à billets, nos gouvernements prendront alors un risque énorme. Sont-ils réellement près à l'assumer?
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