La Belgique lance un plan de 12 mois pour se débarrasser de la dépendance aux benzodiazépines, ces substances à partir desquelles sont fabriqués les somnifères. Concrètement, dès le 1er février, les médecins seront sensibilisés sur les répercussions de prescrire de tels médicaments, et les patients pourront démarrer un processus de sevrage encadré par leur médecin et leur pharmacien.
La Belgique se situe parmi les plus gros consommateurs de benzodiazépines, présentes dans les somnifères et calmants. Chaque jour, plus de 1 million de doses sont délivrées. Et plus de 10% de la population belge en font un usage chronique.
« C’est une catégorie de médicament avec un énorme potentiel addictif : si on l’arrête, on se sent mal et on veut toujours augmenter la dose. Ça devient un problème de santé publique », explique Xavier De Longueville, psychiatre et chef de service au GHdC.
Il est difficile de donner des chiffres sur la dépendance. Mais selon Sciencsano, en 2018, 4,3% de la population belge annonçait avoir utilisé une benzodiazépine dans les dernières 24 heures. C’est pourquoi la Belgique met en place un Plan Sevrage qui entre en vigueur le 1er février 2023.
« D’un côté, nous conscientisons les médecins sur les difficultés de ces prescriptions, et de l’autre nous aidons les patients à arrêter. Nous sommes prudents sur le sevrage : nous diminuons les doses petit à petit. »
Un parcours long mais nécessaire
Ce plan concerne toute personne majeure qui a recours à ces substances, en ambulatoire, depuis au moins trois mois.
« On peut avoir certains symptômes semblables à ceux de l’anxiété lorsque l’on arrête, c’est pour ça que c’est compliqué. Mais toutes les personnes qui ont traversé ce parcours long et difficile pour arrêter se sentent beaucoup mieux après », indique Xavier De Longueville.
Attention, ces substances ne nuisent pas aux patients dans tous les cas. Il faut simplement avoir conscience des risques et les utiliser raisonnablement.
« Il faut les prendre de manière ponctuelle, et sur une courte durée, et dans ces cas-là ils sont excellents et font bien leur effet », rappelle le psychiatre.
Ce plan sevrage est un projet pilote, il sera évalué après cette année test. Objectif pour le futur : offrir la possibilité à chaque patient d’en bénéficier.
Apolline Putman