Va-t-on fermer les lacs de l'Eau d'Heure au public ? Si on en croit Alain Vandromme, le bourgmestre de Froidchapelle, c'est la seule solution qui s'offre à lui si personne ne vient à son secours. Depuis les nouvelles mesures du CNS, le port du masque est obligatoire sur le site. Or, une vidéo prise hier en pleine après-midi montre que les touristes d'un jour ne respectent pas ces règles.
C'est un bourgmestre dépité que nous avons eu en ligne ce jeudi en début d'après-midi. Le site des Lacs de l'Eau d'Heure est devenu selon ses propres termes "une zone de non-droit".
"Depuis les nouvelles mesures du CNS (Conseil National de Sécurité), de commun accord avec mon collègue de Cerfontaine, nous avons pris une ordonnance de bourgmestre pour le port obligatoire du masque sur l'ensemble du site des Lacs de l'Eau d'Heure, sauf pour les espaces gérés par nos partenaires. Malheureusement, ce n'est pas très suivi."
Cette incivilité n'est pas nouvelle. Alain Vandromme la connaît bien, mais il semble que les choses se dégradent d'années en années. Il pointe du doigt le manque de policiers pour surveiller le site. La zone Botha envoie bien un ou deux policiers en renfort de temps à autre mais ce n'est pas suffisant. La police fédérale vient également gonfler les effectifs, mais sans réel pouvoir d'interpellation, ni de sanction. Ces derniers jours pourtant, l'incivilité était à son comble : très peu de personnes respectent l'ordonnance de police qui les oblige à porter le masque, et les attroupements sont légion. Pour Alain Vandromme, il en va de la crédibilité de son autorité et d'une forme de cohérence vis-à-vis des habitants de l'entité.
"J'ai interpellé le gouverneur de la province du Hainaut en lui demandant ce que je devais faire en tant que responsable de la sécurité. Est-ce que je dois téléphoner à l'armée ? lui ai-je demandé. Dans le pire des cas, c'est dans nos prérogatives, nous devrons fermer le site. Mais ce sera à nouveau dramatique pour les partenaires privés après la période de confinement qu'ils ont connue"
Une zone de non-droit depuis des années
Les Lacs de l'Eau d'Heure, ce sont 1 800 ha. On y entre de partout, n'importe quand. C'est un site majeur de la Wallonie qu'il faut néanmoins préserver, or les touristes n'ont visiblement pas de scrupules.
"On se gare un peu partout, c'est une zone de non-droit finalement. Tout le monde vient et s'installe n'importe où, il y a beaucoup d'incivilités, les gens ne ramassent pas leurs déchets. On roule à moto sur les ravels, les gens installent des tentes n'importe où et dorment même parfois sur les parkings à même le sol. Ca devient vraiment du n'importe quoi."
L'ASBL des Lacs de l'Eau d'Heure veille, mais...
Depuis le changement de conseil d'administration de l'ASBL des Lacs de l'Eau d'Heure et l'arrivée de Jean-Jacques Cloquet, les autorités se sentent plus écoutées. Malgré tout, il s'agit d'un vaste chantier et les choses ne vont pas se régler rapidement. Alain Vandromme est conscient que c'est un site dont la vocation est d'accueillir des touristes, mais pour lui il faut le faire mieux, et autrement.
"J'ai eu des contacts avec Valérie De Bue, la ministre wallonne du tourisme, qui est très attentive à mes remarques par rapport à ça. Il y aura des réunions prochainement avec le cabinet pour faire autre chose avec le site, améliorer l'accueil et avoir encore plus de touristes. Parce que c'est ça le but, finalement."
Le bourgmestre est en tous cas décidé à faire bouger les choses et à prendre ses responsabilités. Mais il ne sera pas facile de satisfaire tout le monde et de parvenir à canaliser un flux de 30.000 personnes certains jour de beau temps.