Le Plan de Mobilité de Charleroi Métropole est loin de faire l'unanimité, notamment par rapport au dossier de l'allongement de la RN54. Outre les réactions politiques, les citoyens se sont aussi mobilisés à ce sujet.
A Biercée dans l'entité de Thuin, quand on voit le nombre d’affiches « Oui à la RN54 » sur les façades des maisons de la rue de Sartiau, on imagine la détresse de ces habitants qui subissent les nuisances quotidiennes d’un trafic inadapté.
"Ce n'est pas difficile à comprendre, chaque nuit, à partir de 4 heures du matin, nous sommes perturbés par le passage de gros camions sur la chaussée. Cela provoque des vibrations, les verres tremblent dans les meubles. Nous subissons cela quotidiennement", explique Alain Tonolli, un habitant de la rue.
Le problème est dû aux véhicules qui sortent de la RN54 à Lobbes et qui se dirigent vers Erquelinnes ou Beaumont par les villages. En 2019, une pétition pour la création du chaînon manquant de la nationale 54 n’avait pas abouti. Cette année, Cédric Carnaille, un autre riverain directement impacté a décidé de relancer la démarche.
"On a décidé de faire une nouvelle pétition. Et nous avons rapidement recueilli plus de 6000 signatures. Nous voulons interpeller les politiques sur le fait que les nuisances sont réelles et que la problématique ne concerne pas quelques personnes, mais l'ensemble des habitants de ces zones", détaille Cédric Carnaille.
Pour compléter et argumenter son document, Cédric a fait installer des capteurs de mesure du trafic à plusieurs endroits stratégiques, à Biercée mais aussi dans d'autres villages voisins.
"Nous avons placé des capteurs car les chiffres de circulation relayés par le nouveau Plan de Mobilité de Charleroi Métropole semblaient ne pas refléter la réalité. Ces capteurs ont révélé qu'il passe entre 12.000 et 14.000 voitures par jour sur la rue de Sartiau, un chiffre auquel il faut encore ajouter 10 à 15 % de camions. C’est le double de ce que mentionne le Plan de Mobilité de Charleroi Métropole !", précise Cédric Carnaille.
Et les conséquences de ce trafic inadapté peuvent être catastrophiques. Comme pour Virginie qui a acheté une ancienne maison sur cette route il y a 13 ans. Les vibrations des poids lourds ont déstabilisé son bâtiment qui s’est fissuré. Aujourd’hui, elle ne peut plus l’occuper.
"J'ai acheté cette maison en 2011 et les problèmes sont apparus en 2019, suite à une passage encore plus fréquent de gros camions. J'ai fait venir un expert qui a confirmé, après avoir posé des capteurs, que ce charroi engendrait des vibrations au niveau de la structure de ma maison. J'ai relayé ces données au SPW, qui refuse de considérer que c'est à cause du trafic que le bâtiment se fissure. Récemment, en février 2024, le passage de deux poids lourds a fait tomber mon chauffe-eau dans le garage. Les pompiers qui ont contrôlé la sécurité de ma maison ont remis un rapport négatif. Suite à cela, la commune (de Thuin) a pris un arrêté d'inhabitabilité. J'ai donc été mise dehors de chez moi, je suis actuellement sans logement", explique Virginie.
Un drame pour cette propriétaire, qui compte introduire une action en justice. Le problème est interpellant. La nouvelle pétition de Cédric a d’ailleurs rassemblé précisément 6122 signatures. Et les prochains jours vont être importants.
"La nouvelle pétition a été acceptée par le Parlement wallon. Donc j'ai été informé que j'allais être entendu en commission Mobilité, Energie et Climat, une séance qui devrait avoir lieu soit le 8 avril ou le 11 avril. Mon espoir est de pouvoir informer correctement les parlementaires et de leur rappeler que nous avons besoin de cette route (RN54) pour apaiser nos villages", poursuit Cédric Carnaille.
Si, malgré ces arguments concrets, les riverains n’arrivent pas à se faire entendre et si ce point n’est pas modifié dans le futur Plan de Mobilité de Charleroi Métropole, ils comptent aller encore beaucoup plus loin.
"Si ça ne fonctionne pas, nous irons chercher quelques signatures supplémentaires auprès des citoyens pour pouvoir créer un nouveau parti politique, une nouvelle liste, qui défendra les intérêts des habitants de la région et des riverains de la RN54"
Voilà qui est dit ! Ces habitants sont visiblement plus que jamais déterminés à se mobiliser pour améliorer leur quotidien.