L’institut Vias a testé dans son labo alcool 5 éthylotests bon marché rencontrant un franc succès sur une plateforme de vente en ligne mondialement connue. Le résultat est sans appel : sur 5 appareils, 4 sont imprécis et non fiables !
Dans son communiqué de presse, VIAS annonce même que certains sont dangereux car ils sous-estiment l’alcoolémie du conducteur. A l’approche des fêtes de fin d’année, l’institut Vias met en garde les personnes qui souhaiteraient offrir un tel gadget à leurs proches : il est extrêmement dangereux de s’y fier pour décider de prendre le volant ou non.
L’institut Vias a décidé d'effectuer un test sur les appareils à succès vendus sur une plateforme en ligne mondialement connue. Le tout dans un labo homologué.
Les appareils ont été testés au sein du laboratoire Alcoométrie de l’institut Vias accrédité en la matière selon la norme ISO 17025. Les tests ont été effectués en conformité avec la norme internationale s'appliquant aux alcootests à usage personnel. Dans un premier temps, l’institut Vias a vérifié si les alcootests respectaient les prescriptions en matière d'exactitude. Dans un second temps, le test a été répété après que les appareils ont été conservés à moins 5 degrés, température que l’on peut facilement approcher en cette saison, notamment si l’éthylotest reste dans la voiture pendant toute une soirée. Une marge de tolérance de 20% a été appliquée pour les 2 tests, comme prescrit par la norme.
Les 5 appareils sélectionnés sont généralement fournis avec plusieurs embouts et peuvent être utilisés plusieurs fois pour vérifier la concentration d’alcool dans l’air expiré. Ils font partie de ceux qui ont le plus de succès sur Internet. Les prix de ces appareils varient de 12 euros pour le moins cher à 100 euros pour le plus coûteux. L’un de ces éthylotests se connecte à un smartphone via bluetooth. Voici les 3 constats majeurs de ces tests :
1) Une publicité mensongère
Sur la plate-forme de vente en ligne, ces appareils sont censés « fournir rapidement des résultats pour évaluer si vous êtes capable de conduire ». Ils sont présentés comme des « éthylotests professionnels » ou des « éthylotests de police », ce qui n’est pas du tout le cas. Il s’agit ni plus ni moins de publicité mensongère. Les appareils utilisés par les services de police sont évidemment soumis à d'autres normes beaucoup plus strictes et sont de bien meilleure qualité.
2) Une unité de mesure pas claire
On peut quantifier le taux d’alcool d’une personne de deux manières différentes : 0,22 mg d’alcool par litre d’air alvéolaire expiré (unité utilisée par la police) équivaut à 0,5 gramme d’alcool par litre de sang (ou à 0,5‰). Lors de ce test, il s’est avéré que l’unité utilisée par les appareils n’était pas claire du tout. Certains utilisateurs risquent de penser qu’ils sont « safe » en voyant par exemple « 0,3 » apparaître sur le petit écran de l’appareil alors qu’ils sont positifs si l’unité de mesure de l’appareil est le mg/l.
3) Des résultats imprécis et peu fiables
Sur les 5 appareils testés, 4 ont donné des mesures approximatives ou inexactes lors du test à température ambiante. Certains ont surestimé l’alcoolémie de l’utilisateur, d’autres l’ont sous-estimée. Dans le premier cas, ce n’est pas trop grave puisque le conducteur sera dissuadé de prendre le volant alors qu’il pourrait légalement le faire. Dans le second cas, c’est beaucoup plus problématique : l’appareil peut donner l’impression à certains conducteurs positifs qu’ils peuvent prendre le volant alors que la réalité est tout autre. Outre le risque accru d’accident, ces conducteurs seront bel et bien verbalisés en cas de contrôle par la police.
Lors du test à - 5 degrés, les résultats étaient plus mauvais encore : aucun des appareils testés n’a pu donner l’alcoolémie exacte de l’utilisateur, ce qui prouve que leur manque de fiabilité augmente quand les conditions météo se dégradent et que, par exemple, le conducteur l’utilise dans le froid. Notons également qu’un appareil s’est cassé lors des manipulations effectuées pendant les tests, preuve de sa fragilité.
L'institut Vias en conclut que très peu d’éthylotests électroniques sont vraiment précis et fiables. Certains sont même dangereux car ils indiquent une alcoolémie inférieure au taux d’alcool réel, donnant le sentiment au conducteur qu'il peut prendre le volant alors qu'il n'en est rien. L'institut en profiter pour rappeler que un appareil doit en principe être étalonné tous les 6 mois par le fabricant...ce qui, dans la pratique, n’est respecté par personne.