Les sanitaires scolaires sont rarement au centre des discussions, mais une étude récente de la Fondation Roi Baudouin questionne leur aménagement. La mixité des toilettes, une idée qui provoque des réactions contrastées au sein de la communauté éducative.
Les toilettes à l’école, un sujet souvent négligé mais crucial pour le bien-être des élèves. Une récente étude de la Fondation Roi Baudouin révèle qu’un élève sur deux seulement se rend aux toilettes lorsqu’il en ressent le besoin. Cette enquête aborde notamment la question de la mixité des toilettes scolaires. En Fédération Wallonie-Bruxelles, 69% des établissements maintiennent une séparation filles/garçons. À l’Athénée royal Les Marlaires, l'idée d'installer des toilettes mixtes reste difficile à envisager, comme l’explique Jean Horemin, directeur de l’Athénée Royal Les Marlaires."C’est une question de positionnement de l’enfant. Certains sont en train de se construire, ils se cherchent, ils se définissent. Nous sommes une école secondaire, nous avons des élèves de 12 à 18 ans. À 12, 13, 14 ans, c’est l’âge où les jeunes commencent à se positionner, à se poser des questions."
La majorité des répondants, soit 61%, désapprouvent cette idée, un chiffre qui grimpe à 65% chez les élèves. “Moi personnellement, je trouve que les toilettes séparées, c’est bien. Les filles ne sont pas gênées par leurs règles lorsqu’elles sont séparées des garçons. Si elles sont mélangées avec les garçons, cela peut être gênant pour elles, voire peu hygiénique,” confie Mac-Davies, un élève. Pour Clémence et Olivia, l'idée n'est pas non plus la bienvenue. “Je suis contre, je pense que ce n’est pas une bonne idée. Il y a déjà beaucoup de conflits, et les garçons peuvent avoir de mauvaises intentions.”
Perte de sécurité et d’intimité
Pour les jeunes, les problèmes sont nombreux, et la mixité rimerait avec perte de sécurité, d’intimité et d’incompatibilité avec certaines religions et cultures. “On a des hygiènes différentes, et parfois des gens nous embêtent dans les toilettes. Les serviettes hygiéniques font du bruit quand on les ouvre, et c’est gênant,” affirme Simge. Sabala, d'origine musulmane, soulève également un problème. “Je suis de religion musulmane, et pour nous, la pudeur est importante. Il faut mettre une limite entre les femmes et les hommes.” Les questions liées aux règles et à l’intimité sont également préoccupantes pour certaines filles. “Quand je suis réglée, je n’ai pas envie qu’un garçon soit là. Moi, les toilettes sont le seul endroit où il n’y a pas de garçons, donc ça me gênerait,” expriment Clémence et Olivia.
La mixité pourrait favoriser l’égalité entre les sexes
D’après la Fondation Roi Baudouin, la mixité des toilettes pourrait favoriser l’égalité entre les sexes et améliorer le bien-être de tous les élèves. Cependant, cette idée suscite également du scepticisme, notamment chez le directeur de l’Athénée Royal Les Marlaires. “Je crois qu’il y a d’autres endroits pour promouvoir l’égalité et l’équité entre les personnes. Les toilettes, c’est juste un point de passage.”
Enseignants, parents, élèves et anciens élèves, au total, 2893 personnes ont participé à cette enquête.