Les entreprises qui procèdent au broyage de métaux dans le cadre de leur activité, génèrent des émissions toxiques de PCB (polychlorobiphényles). Après avoir découvert que les broyeurs à métaux wallons étaient parmi les plus gros émetteurs de PCB d’Europe, se pose la légitime question de l’impact de ces polluants toxiques sur la santé des populations. C’est dans ce cadre que le député wallon carolo Maxime Hardy (PS) avance trois propositions à la ministre wallonne de l’Environnement Céline Tellier.
« Les broyeurs contribuent à l’économie circulaire et c’est très bien, il faut continuer à avancer et investir dans le recyclage. Mais il faut le rendre le moins polluant possible et garantir la santé publique en particulier celle des riverains », précise Maxime Hardy. La région de Charleroi est particulièrement concernée avec les broyeurs de Marchienne-au-pont, Courcelles et Châtelet.
Le député socialiste fait trois propositions :
- Analyser les niveaux de contaminations des populations riveraines des broyeurs. L’enquête réalisée récemment par nos confrères de la RTBF semble démontrer des taux de contamination élevée chez un échantillon de riverains à Châtelet. Maxime Hardy veut donc systématiser et étendre les analyses, faire un bio monitoring de la population.
- Le député carolo propose également une collaboration entre les pouvoirs publics et les entreprises pour réduire l’impact sur la santé de l’activité des broyeurs. Cela passe par une politique de contrôles et de sanctions beaucoup plus ferme à l’égard des entreprises qui ne respecteraient pas les normes. « Les filtres doivent être opérationnels depuis mai 2020. Il faut maintenant s’assurer que c’est effectivement le cas, et ce de manière permanente, quotidienne », ajoute Maxime Hardy.
- Une meilleure communication de l’administration vers les riverains lui semble également indispensable. « Actualiser une FAQ sur un site web du SPW ne suffit pas. Il faut une communication proactive, semblable au dispositif « be alert », par exemple lorsque des seuils sont dépassés ou des pollutions au PCB sont constatées, ainsi que d’autres perturbateurs endocriniens d’ailleurs ».
Le secteur de la récupération des métaux occupe plus de 2400 personnes en Belgique et pèse plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires cumulé. On compte 16 broyeurs à métaux industriels en Belgique. Ces énormes structures trient, séparent et broient en fins morceaux toutes sortes de déchets : équipements électriques et électroniques, voitures hors d’usage, métaux ferreux et non ferreux.
En Wallonie, sept broyeurs sont répartis sur les 4 provinces :
- Hainaut : Cometsambre à Châtelet et Obourg, Derichebourg à Marchienne-au-Pont, Keyser à Courcelles.
- Liège : Belgian Scrap Terminal Wallonie à Engis.
- Luxembourg : Ecore à Aubange.
- Namur : Dubail Recycling à Beez (actif depuis juin 2020).
On recycle chaque année 3,2 millions de tonnes de ferraille qui sont réinjectées en grande partie dans la sidérurgie.
Les broyeurs lorsqu’ils s’activent, produisent des particules de PCB notamment. Les PCB sont interdits depuis 1986 car ils sont reconnus comme cancérigènes. La Wallonie est la seule région d’Europe à avoir établi en 2018 des normes maximales contraignantes aussi strictes d’émission de PCB : 100 ng/m³ avec deux ans pour s’adapter.
Rien qu’entre 2018 et 2019, il semblerait que les broyeurs à métaux wallons aient dépassé en moyenne de 90 fois la valeur limite d’émission des PCB qui n’était pas encore contraignante à l’époque.