Suite aux récents soupçons de corruptions au sein de l'intercommunale carolo HUmani, le débat quant au fonctionnement de cette association est ouvert à Charleroi. Le sujet est arrivé sur la table du dernier conseil communal.
Il y a quelques jours, des perquisitions ont été menées au sein de l'intercommunale carolo de santé publique HUmani. L’enquête porte sur l’achat d’un terrain (pour un projet qui ne peut finalement pas s’y faire), et un éventuel pot-de-vin. Pour rappel, le président de l'intercommunale, Karalabos Raptis, a annoncé jeudi soir devant le CA extraordinaire qu'il démissionnait de ses fonctions, précisant que les 100 000 euros versés sur son compte par le vendeur l'auraient été, selon lui, à titre de cadeau.
Charleroi est l'actionnaire majoritaire d'HUmani, avec 60% des parts. L'opposition a donc questionné la majorité. Pauline Boninsegna, conseillère et cheffe de groupe PTB, a pris la parole :
Ce n’est pas la première fois que nous avons des dysfonctionnements au sein des intercommunales : faux et usage de faux, abus de biens sociaux… Nous devons revoir la manière dont elles fonctionnent. Nous demandons depuis longtemps un débat sur le sujet, ce qui nous a toujours été refusé. Comment peut-on renforcer la transparence au sein de nos intercommunales ?
Nicolas Tzanetatos (MR-IC), conseiller communal et administrateur d’Humani s’est également exprimé sur le sujet :
L’enquête est en cours, mais c’est étrange qu’un terrain soit acheté pour un hôpital qui ne s’y fera finalement pas. Il n’y a pas eu d’évaluation financière, ni aucune analyse. On s’est fait avoir, alors que c’est de l’argent public, et indirectement notre commune s’est fait avoir. Comment fonctionnent nos intercommunales ? Malheureusement, l’image de la ville en pâtit.
Réponse du bourgmestre
La Ville de Charleroi, en tant qu’actionnaire majoritaire, est évidemment très préoccupée par cette affaire, indique Thomas Dermine (PS). Il y a d’une part un représentant politique qui avoue avoir reçu 100 000€ sur son compte, ce qui est inacceptable, c’est une faute d’éthique. D’autre part, il y a une question de gestion. Mais le débat ici au conseil communal ne doit pas remplacer un débat qui doit avoir lieu au sein des instances d’HUmani. C’est le rôle des différents administrateurs de s’assurer du bon fonctionnement. Les conseillers communaux, dont vous faites partie, Mr Tzanetatos, se sont fait avoir. Mais notre lien avec Humani doit être analysé, des pistes peuvent être envisagées.
Pauline Boninsegna a proposé la piste de remettre en place un bureau d’éthique et de déontologie, comme lors des Affaires. Selon Thomas Dermine, c’est une bonne idée dans l’absolu afin de renforcer la transparence. Mais il veut avant tout s’assurer que ce bureau ne fasse pas doublon avec d’autres services mis en place entre temps.
En tant qu’administrateur, Nicolas Tzanetatos a voulu préciser :
Le problème, c’est que les informations communiquées aux administrateurs sont insuffisantes. Lors de cette affaire, on me dit que c’est urgent, que c’est une opportunité, qu’on a un contact privilégié et que ça doit rester confidentiel… Ce n’est pas le rôle des administrateurs d’aller fouiller, je ne suis pas censé être méfiant quant à la direction.
Selon le bourgmestre, c’est en effet un sujet capital. Il a indiqué vouloir collaborer avec les différents administrateurs, tous partis confondus, afin de tirer cette histoire au clair, tant pour le côté éthique, que sur le projet en lui-même : est-il bon de déplacer des services primordiaux dans des zones rurales ?
En tant que Carolos, nous devons nous unir.
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