Des citoyens interpellent le conseil communal carolo au sujet du centre fermé à Jumet

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Des citoyens interpellent le conseil communal carolo au sujet du centre fermé à Jumet

De nombreux citoyens et citoyennes étaient présents au conseil communal de ce lundi afin d’interpeller les conseillers et le collège au sujet du projet de construction d'un centre fermé à Jumet.

C'est un projet fédéral. Malgré sa précédente demande jugée irrecevable en raison d’un dossier incomplet, le gouvernement n’y a pas renoncé et vient de redéposer une nouvelle demande. Dans le cadre de cette procédure, le collège communal sera consulté. Mais selon le groupe de citoyens et de citoyennes présents au conseil, ce projet va à l'encontre de plusieurs engagements pris par la Ville de Charleroi, surtout après avoir voté les motions « Ville hospitalière » et « Charleroi, ville antifasciste » ces dernières années. 

« À l'époque, vous rappeliez le positionnement de la ville de Charleroi contre le projet de centre fermé sur son territoire. Qu'en est-il de ces engagements ? », indique Marie de Vreese, membre du collectif Ni Jumet ni ailleurs, au nom des citoyens. 

Récemment, le PS est revenu sur sa position : il n’est plus totalement contre, mais a posé deux conditions. D'abord, que des enfants n'y soient pas enfermées. 

« Si la Belgique n'enferme théoriquement plus d'enfants, elle enferme bien des parents. Aussi, on entend beaucoup dire que ce futur centre n'enfermerait que des ‘criminels’. Pourtant, les personnes qui sont dans les centres y sont pour des raisons administratives, pas pour des raisons judiciaires. »

Pour les citoyens présents, Charleroi doit rester une ville d’accueil. Selon eux, ce n’est pas conciliable avec l’enfermement d’êtres humains. 

« Vous êtes en train de jouer le jeu de l'extrême droite : vous présentez les populations migrantes et sans-papiers comme de ‘dangereux criminels’ dont on devrait se protéger. »

Marie de Vreese demande donc expressément d’appuyer sur les failles urbanistiques qui existe selon elle dans le dossier, afin que la Ville introduise un recours à la région pour que ce centre ne voit pas le jour. La citoyenne a terminé son discours sous les applaudissements de l’ensemble du public présent en nombre. 

Réponse du collège

Thomas Dermine (PS), bourgmestre de Charleroi, a remercié la citoyenne de soulever cette question, sur un sujet qu’il juge extrêmement important. Il a rappelé que c’est une matière fédérale, mais qu’elle suscitait en effet des interrogations au niveau local.

« Charleroi a toujours été et restera une ville hospitalière, c’est dans notre ADN Carolo. »

Il rappelle d’ailleurs que 16% des Carolos ne sont pas Belges, 125 nationalités se côtoient au cœur du Pays noir. Le bourgmestre a également rappelé que le projet remonte à 2017, sous l’impulsion du gouvernement MR-NVA. En 2019, la Ville de Charleroi s’y oppose, face au risque d’enferment de mineurs. En 2024, le PS a accepté d’adapter son avis suite à l’inscription dans la loi de l’interdiction d’enfermer des mineurs.

« Nous restons convaincus que ça doit être un dernier recours, notamment en cas d’un ordre de quitter le territoire. Ça doit être de courte durée avec contrôle régulier. Et ça ne doit pas remplacer une détention pénitentiaire. Mais vous avez raison, il faut aller plus loin, l’interdiction des mineurs devrait s’étendre aux familles et au public vulnérable. »

Thomas Dermine a annoncé aux citoyens qu’ils pouvaient compter sur le PS pour porter ces combats à d’autres niveaux de pouvoir. Il a également indiqué que la Ville de Charleroi n’est qu’une instance d’avis et non pas décisionnaire.

Pour la suite, Tanguy Luambua (Les Engagés), échevin de l’Urbanisme, a indiqué attendre le retour du gouvernement concernant le nouveau dossier :

« On ne sait pas si le nouveau dossier, déposé il y a quelques jours, est complet et recevable. Si c’est le cas, la Ville devra donner son avis. Notre volonté, c’est de maintenir un accueil humain et garantir les droits fondamentaux. On gardera cette ligne rouge au moment de prendre des décisions. »

Rendez-vous vers le mois d’août pour la décision finale. Attention, ce projet de centre fermé n’est pas à confondre avec le centre d’accueil pour réfugiés dont on parle à Lodelinsart. Ici on parle bien d’un centre de détention pour étrangers en séjour illégal. Ce sont 2 dossiers différents (qui créent chacun le débat). 

Réponse de la citoyenne

« Nous attendons autre chose qu’une indignation à géométrie variable. Ce sont de beaux principes, mais ils n’ont de valeurs que s’ils se traduisent en actes. C’est une prison administrative que vous allez accueillir ! Les détentions ne sont jamais courtes ni décentes, les témoignages sont nombreux. Le prix de construction du centre dépasse 40 millions d’euros, c’est indécent à l’heure où vous imposez des mesures économiques à vos citoyens. »

Et le centre sur l’ancien site Marko ? 

Pour rappel, cet autre projet est en suspens. Le fonctionnaire délégué de la Région wallonne a accordé le permis d’urbanisme pour la création de ce centre d’accueil, mais le collège de la Ville de Charleroi, qui avait remis un avis négatif sur le projet, lance un un recours. Le collège carolo a fait ratifier sa décision par le conseil communal ce lundi. Le ministre dispose d’un délai de 60 jours pour statuer, en attendant le projet est mis sur pause. 


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