Les électeurs des partis extrêmes sont les plus mal aimés. C'est ce qui ressort d'une étude menée par l'ULB, l'UAntwerpen, la KU Leuven et l'UGent, rapporte le quotidien De Morgen.
Ces électeurs sont également ceux qui ont le plus d'aversion pour les électeurs des autres partis. Pour ce faire, ils ont notamment mené une enquête auprès de 8.000 personnes.
Les chercheurs ont voulu savoir si, et dans quelle mesure, la polarisation joue un rôle dans la société belge. L'étude a révélé que les Belges sont moins réticents à l'égard des électeurs ayant des convictions politiques différentes, comparativement aux Américains, par exemple. Entre 2019 et 2024, la polarisation dans notre pays est également restée relativement stable.
La polarisation en Flandre semble plus importante qu'en Wallonie. Les chercheurs soulignent à cet égard la présence du parti d'extrême droite Vlaams Belang. Un tel parti n'existe pas en Wallonie.
Les partis extrêmes reçoivent et donnent en outre des "scores de sympathie" inférieurs à la moyenne. Les électeurs socialistes, par exemple, n'accordent qu'un score de sympathie de 11 sur 100 à une personne qui vote pour le Vlaams Belang. À l'inverse, ils obtiennent 30 sur 100.
Le rôle joué par le discours de l'élite politique est important dans la polarisation. Les chercheurs ont donc analysé les posts sur X des partis politiques entre janvier 2022 et mars 2024. Il en ressort que le Vlaams Belang est le parti flamand qui attaque ou dénigre le plus ses concurrents: c'est le cas dans plus de 35% de tous ses posts sur X.
Groen suit avec 34%, tandis que son parti frère Ecolo n'exprime une opinion négative sur un rival que dans 10 % des cas. Le PTB/PVDA, DéFI et la N-VA font également plus de commentaires que la moyenne. Les partis PS, CD&V et Open VLD restent plus discrets.
Cette négativité et cette polarisation ne conduisent par ailleurs généralement pas à une exclusion sociale. Lorsqu'on demande aux personnes interrogées si le comportement électoral est une raison pour ne pas construire une amitié, la réponse est généralement "non". Les électeurs du Vlaams Belang et du PVDA ont les doutes les plus importants face à cette question, mais cela reste faible en comparaison à d'autres démocraties occidentales.
"Des discours négatifs sont parfois utilisés et des messages offensants sont postés sur X, mais la polarisation en Belgique n'est pas si grave", explique le chercheur Jochem Vanagt (KU Leuven-UAntwerpen). "Aucun effet important sur les relations sociales n'a été constaté: même face à un électeur du parti pour lequel ils ont le moins de sympathie, les Belges sont généralement disposés à établir une amitié. Contrairement aux États-Unis, où il existe un système bipartite, ici, c'est un système de représentation proportionnelle multipartite qui est en place. Les gens s'identifient également moins fortement à un seul parti, de sorte que la polarisation est moins susceptible de se produire en Belgique".