Lundi, une prostituée a été tuée à Marcinelle. Pour l'ASBL Utsopi, ce meurtre n'est pas assez médiatisé. Pour le directeur, les travailleurs et travailleuses du sexe sont trop souvent stigmatisés et marginalisés.
Lundi soir, un meurtre dans des circonstances encore floues a été commis dans un appartement situé dans un immeuble sur l'avenue Eugène Mascaux à Marcinelle. Une femme, d'origine sud-américaine, a été tuée par arme blanche et au marteau. Selon le parquet, elle se livrait avec une collègue à de la prostitution en louant des chambres et en faisant de la publicité sur le site internet Quartier-Rouge. La seconde femme, présente dans l'une des chambres du logement et blessée, a été emmenée en milieu hospitalier. L'hypothèse d'un client qui avait rendez-vous avec les deux prostituées est évoquée par les autorités judiciaires.
Un traitement différent insupportable
Pour l'ASBL UTSOPI (Union des Travailleur.se.s du Sexe Organisé.e.s pour l’Indépendance), qui représente les travailleur.se.s du sexe en Belgique, ce fait divers n'est pas traité comme un féminicide à part entière. Une honte selon le directeur !
"C'est traité comme un simple fait divers. On voit bien que quand il y a des féminicides, tous ne sont pas traités de la même manière. Quand c'est deux prostituées et des personnes racisées, il y a moins d'attention alors que c'est un meurtre qui est d'une violence incroyable et dramatique" estime Maxime Maes.
Avant d'ajouter : "Nous, on est à la fois triste, en colère et frustrés pour l'instant. Il y a de la violence dans le milieu mais des cas comme celui-ci sont rares. La dernière fois que c'est arrivé, c'était en 2018 dans le quartier Nord de Bruxelles. Le contexte juridique actuel ne permet pas aux travailleur.se.s du sexe de se protéger, de porter plainte, de contacter la police,... Tout cela les pousse à prendre parfois plus de risques pour assurer leur revenu."
Un fait révélateur d'une problématique bien plus complexe
Les travailleur.se.s du sexe sont trop souvent mis.es de côté, stigmatisé.e.s et marginalisé.e.s dans la société en général. Une situation insupportable que dénonce l'ASBL Utsopi qui estime que ces personnes sont déconsidérées et elles ne sont pas traitées de la même manière que les autres.
Quand une agression ou un meurtre se produit dans ce milieu, les ASBL doivent trop souvent pointés le doigt dessus pour faire remarquer la gravité de la situation.
"Quand il y a des meurtres comme celui-là, tout le monde devrait se mobiliser. Des meurtres pareils viennent réappuyer le doigt sur cette situation et ce contexte" explique le directeur de l'ASBL Utsopi.
Autre constat : les meurtres se déroulant dans le milieu de la prostitution sont souvent banalisés. Il n'est pas rare de lire des commentaires sur les réseaux sociaux qui vont en ce sens.
"Les gens disent que c'est les risques du métier ! Ce n'est pas les risques du métier. Il y a aucun métier où c'est normal que l'on risque de se prendre des coups de couteau ou de marteau. Stop à la putophobie ! Considérez-nous. Stop au féminicide ! C'est cela qu'il faut comprendre. Une pute c'est une femme et une pute assassinée c'est une femme assassinée !" conclut Maxime Maes.