Lors du dernier conseil zonal de sécurité, la Ville de Charleroi, la Zone de Police locale et le Parquet se sont notamment penchés sur deux phénomènes contribuant à accroitre le sentiment d’insécurité : le deal de rue et la mendicité.
Si la criminalité est globalement en baisse à Charleroi, ces deux phénomènes continuent d’occasionner des nuisances pour les riverains de Charleroi. C’est pourquoi les Autorités communales, les Forces de l’ordre et le Parquet ont décidé de se remettre autour de la table pour analyser les constats et travailler ensemble à dégager des pistes de travail en vue d’améliorer la situation.
La Zone de Police locale de Charleroi, récemment passée sous la direction du Chef de Corps Laurent Van Doren a déjà intensifié et continuera d’intensifier les opérations de contrôles du deal de rue menées par le Peloton Sécurisation Ordre public (PSO) — opérations DILRU‑, avec déjà 15 opérations en 2021 contre 16 pour tout l’année 2020.
Des résultats à la clé
- Les 31 opérations menées en 2020 et 2021 par ont abouti aux résultats suivants :
- 164 arrestations administratives dont 127 personnes en séjour illégal
- 84 arrestations judiciaires
- Saisies de 597g de drogue dure, 118 g de drogue douce
- A ceci, on peut ajouter, en 2021, 74 arrestations judiciaires réalisées par la section stupéfiant de la Police Judiciaire locale.
La Police locale poursuit par ailleurs les opérations « épervier » — opération de sécurité transversale et impliquant diverses composantes de la police sous la direction unique de la DirOps (Direction des Opérations) impliquant le PSO (Peloton Sécurisation Ordre Public), le poste de police de proximité du District Centre, le GSA (Groupe de Sécurisation et d’Appui), la Canine, les USR (Unités de Sécurité Routière) et la PJL (Police Judiciaire Locale) — à raison de une par mois. Au travers de son plan d’action « Stupéfiants », la Zone de police intensifiera la présence policière préventive et répressive.
Ces opérations se complètent, depuis le mois de janvier 2020 de solutions mises en œuvre par le Parquet et le Tribunal de Première Instance du Hainaut (Division de Charleroi) au travers de la Chambre de Traitement de la Toxicomanie (CTT). Ce dispositif vise une prise en charge rapide sur le plan thérapeutique et social, globale et intensive, d’une durée moyenne de 10 mois, coordonnée par une assistante de justice et supervisée mensuellement par le tribunal. Le but est d’intensifier le recours à cette instance qui montre des résultats probants : à la suite d’une quinzaine d’audiences, 29 suivis ont été entrepris dont 19 sont toujours en cours.
Bientôt une salle de shoot ?
Préalablement à la tenue de ce Conseil zonal de sécurité, la Ville de Charleroi a réuni l’ensemble de ses partenaires de terrains actifs en matière de mendicité et d’assuétudes. Pour ce second phénomène, il faut saluer la mise en place d’un Plan Drogues, piloté par le CPAS. La revendication majeure du secteur est l’implémentation d’une salle de consommation à moindre risque. La Ville, le Parquet et la Police ont examiné ensemble des mécanismes entrepris à Liège et à Bruxelles portant sur l’installation de ce type d’infrastructures. La Ville, en partenariat avec le CPAS et les différents acteurs associatifs, mènent actuellement une réflexion sur la création d’une salle mobile. Le projet, innovant mais spécifique, doit encore faire l’objet d’analyses juridique, de faisabilité, etc.
Des réglementations sur la mendicité
La mendicité fait, depuis 2013, l’objet d’un règlement visant à diluer la concentration des « mancheurs » dans le centre-ville. Le constat initial avait, en effet, mis en lumière un problème de concentration sur le centre-ville occasionnant un sentiment d’insécurité tant pour les riverains que pour les commerçants. La ville qui déployait alors d’importants efforts pour faire revivre son cœur de ville a instauré un règlement organisant la mendicité un jour par semaine en un lieu précis. L’entrée en vigueur de ces dispositions a été lancée conjointement à la création d’un comité d’accompagnement comprenant des représentants des autorités communales, de la Police et du tissu associatif. Si ce règlement a montré des effets bénéfiques dans les premiers instants de son application, celle-ci s’est diluée au fil des années et doit aujourd’hui être rétablie. Bien sûr, ceci doit se faire en complément de l’important travail de prise en charge socio-sanitaire réalisé au quotidien par les acteurs du CPAS et associatifs. La Ville de Charleroi est bien convaincue que ce n’est qu’au travers d’un équilibre entre cette prise en charge et l’application du cadre de la mendicité que des solutions durables pourront être trouvées.
"Enfin, le croisement des deux phénomènes de mendicité et d’assuétudes a donné naissance à une forme de mendicité plus agressive qui doit également être prise en considération. A cet égard, au sein des Groupes Opérationnels du plan Drogues, il a été décidé de créer un groupe chargé d’analyser l’impact des nuisances dans l’espace public et de proposer des pistes de solution" précise le communiqué.