Le personnel de Ryanair basé en Belgique, stewards, hôtesses et pilotes, menace d'actions lors de la période des fêtes de fin d'année si la compagnie aérienne irlandaise à bas coûts "continue de bafouer les lois sans que personne ne fasse rien", prévient-il lundi par l'entremise de l'ACV Puls et de la CNE. Les deux syndicats chrétiens ont écrit une lettre ouverte en ce sens aux ministres de l'Emploi Pierre-Yves Dermagne et de la Justice Vincent Van Quickenborne.
"Depuis qu'elle s'est installée en Belgique, Ryanair ne cesse de bafouer les lois", dénonce ainsi Hans Elsen, secrétaire permanent de l'ACV Puls. Les choses se sont peut-être améliorées en 2018 après les premières grèves des travailleurs, et ce sans aucune aide des pouvoirs publics, relève-t-il. La compagnie low-cost continue toutefois de ne pas respecter la législation belge sur le travail "sans que personne ne fasse rien", constate, avec désolation, le responsable syndical.
Si les services de l'inspection sociale et de l'ONSS essaient de faire leur travail en constatant des infractions, le relais n'est pas pris par les autorités judiciaires, fustige, de son côté, Didier Lebbe, de la CNE, pour qui cela est "tout à fait incompréhensible".
"L'auditorat du travail de Charleroi, qui centralise le dossier Ryanair, avait dit pendant l'été qu'il allait bouger à la rentrée... mais on ne voit toujours rien venir", regrette le secrétaire permanent francophone. Au printemps dernier, le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne avait annoncé que le ministère public allait lancer une action publique contre Ryanair en septembre, à laquelle la CNE avait dit, à la fin de l'été, espérer pouvoir collaborer.
Didier Lebbe dit se sentir "de plus en plus seul" dans son combat et demande l'aide des autorités. "Quand il n'est plus question de grève dans les médias et que l'attention se calme, on ne les entend plus", dit-il.
"Récemment, Ryanair a décidé de fermer -provisoirement selon elle- la base de Bruxelles: il avait été proposé aux travailleurs de la base de prester à Charleroi. Mais par la suite, Ryanair a changé d'avis et décidé de les faire travailler par blocs de quelques jours dans d'autres bases européennes. Cela est parfaitement illégal", illustre le secrétaire permanent du syndicat chrétien.
Cette décision a eu un impact sur environ 80 emplois, dont 44 stewards et hôtesses et 17 pilotes. La compagnie continue toutefois à desservir Brussels Airport avec des avions et du personnel qui n'y sont pas basés.
On ignore d'ailleurs encore si le transporteur irlandais rouvrira sa base de Zaventem pour la saison d'été. Le patron du groupe Ryanair, Michael O'Leary, avait prévenu en septembre que cela n'arriverait que si Brussels Airport réduisait le montant de ses taxes aéroportuaires, ce qui n'a pas eu lieu. Didier Lebbe n'y croit donc que très peu.
"Le Monopoly joué par l'entreprise doit cesser. Les membres du personnel de Ryanair ne sont pas des pions", insiste-t-il, soulignant que certains sont de jeunes parents pour qui il est difficile d'aller travailler ailleurs que dans une base belge (Zaventem ou Charleroi).
CNE et ACV Puls en appellent dès lors aux deux ministres fédéraux pour qu'ils exercent leur autorité afin que cela cesse.
"Les fêtes de fin d'année approchent et, si rien ne bouge du côté de Ryanair ou des autorités belges, il y a de grandes chances pour que le personnel exprime sa colère à cette occasion via des mouvements sociaux", mettent en garde les deux syndicats, qui ne pourraient alors pas garantir la paix sociale au sein de l'entreprise.
Toute action sera cependant annoncée au moins une semaine à l'avance, assure Didier Lebbe, à l'image des grèves du personnel basé en Belgique, pilotes comme stewards et hôtesses, ayant eu lieu au début de l'été.
Celles-ci avaient été organisées fin juin et début juillet pour dénoncer le surplace dans la négociation d'une nouvelle convention collective de travail (CCT) pour le personnel de cabine. Les discussions patinaient alors depuis de nombreuses semaines car les propositions du transporteur ne respectent pas la législation belge sur le travail. Ces négociations sont actuellement toujours au point mort, Ryanair refusant de payer le salaire minimum légal, selon la CNE.
Aucune entrevue n'est prévue pour le moment entre le personnel de cabine et la direction de Ryanair pour aborder ces problématiques, si ce ne sont les réunions mensuelles du conseil d'entreprise et du comité pour la protection et la prévention au travail (CPPT). Du côté des pilotes, les syndicats sont en attente d'une réponse de la compagnie.
Source: Belga