Depuis plusieurs jours voire semaines, se succèdent cartes blanches, lettres ouvertes et coups de gueule. Avec un seul mot d’ordre adressé aux politiques : sauvez la culture. Un milieu culturel qui représente quelque 250.000 emplois et qui attend qu’une série de mesures soient enfin prises de façon coordonnée mais aussi un calendrier de déconfinement. Certains en espéraient l'annonce pour ce mercredi 13 mais à part les bibliothèques et certains musées qui devraient rouvrir la semaine prochaine, il faudra encore faire preuve de patience!
A Charleroi, les opérateurs culturels sont tous concernés même si certains ont davantage la corde au cou que d’autres. Même s’il a du annuler la fin de sa saison, Le PBA pour l’instant parvient à limiter les dégâts comme le reconnait Pierre Bolle le directeur général de l’institution.
"Nous avons la chance de bénéficier de subventions et puis nous sommes une structure qui repose sur 3 types d’activités. Il y a notamment la location de la grande salle pour des spectacles venant de producteurs extérieurs, cela nous prive certes de rentrées mais cela ne nous impacte pas directement. Il y a aussi des spectacles que nous achetons mais dans la plupart des cas, les contrats comportent des clauses qui prévoient l’annulation pure et simple en cas de force majeure et cette crise sanitaire en constitue une sans conteste. Dans les cas précités nous avons essayé de reporter les dates à la saison prochaine. Et puis il y a l’aspect création au niveau du lyrique et là nous agissons comme producteur et donc si la situation devait perdurer cela deviendrait très compliqué pour nous »
A quand une reprise?
Depuis le confinement, au PBA , on n'a pas du recourir au chômage temporaire. Les 30 équivalents temps-plein sont sur le pont ,notamment au niveau technique pour l'entretien du matériel.
En fait pour Pierre Bolle, c’est l’incertitude pesant sur la saison prochaine qui est difficile à gérer. Le programme est déjà fait, la brochure prête à être envoyée mais le directeur du PBA est plutôt pessimiste sur la date de reprise. Et comme il le souligne, la taille du PBA -sa jauge qui peut atteindre 1800 places- joue presque en sa défaveur.
« Pour la saison prochaine, on peut certes imaginer de laisser une place voire 2 places libres entre les spectateurs mais cela ne serait pas rentable par exemple pour les grands spectacles de variétés qui louent la salle ni pour certains spectacles étrangers que nous achetons. On pourrait par contre très bien déménager, par exemple, un concert de midi qui se tient normalement dans la salle du Congrès vers la grande salle… là assurément le risque serait moindre mais cela signifie que cela nous ampute d'une bonne partie de notre programmation »
La sécurité d'abord
Pierre Bolle compte bien néanmoins poursuivre la production et assurer les représentations des deux œuvres lyriques en chantier à savoir le Cosi fan tutt' de Mozart qui est proposé par l’Atelier Lyrique ainsi que « Chantons sous la pluie ».
« Cette dernière est une grosse production nous espérons pouvoir commencer les répétitions en septembre et puis l’on croise les doigts pour qu’elle puisse être montrée à Liège, Charleroi et Reims… les dates prévues se situent fin de l’année et en mars prochain. »
En tout cas, le PBA ne transigera pas sur l’aspect sanitaire.
"Quand on voit les conséquences d’un concert donné en mars au Concertgebouw d’Amsterdam, je ne veux pas courir de risque, sur les 130 chanteurs de la chorale, 102 ont été contaminés par le Covid -19 et 4 en sont morts. Moi ce que je veux ,c’est assurer au maximum la sécurité du personnel et du public. Nous présentons un certain nombre d'opéras, ce sont de grosses distributions avec aussi des musiciens dans la fosse d'orchestre, là je vois mal comment pouvoir assurer la distanciation sociale"
Fin octobre c'est aussi normalement cette année le Festival Bis-Arts, la foule y est toujours au rendez-vous... on verra ce qu'il en sera cet automne-ci.