Issa Doumbia vous le connaissez sans aucun doute, il est de tous les plateaux télés, de toutes les séries françaises, de Sam à nos chers voisins en passant par camping paradis ou Bref. Il a prêté sa voix aux minikeums. Au cinéma, il enchaîne les rôles avec une régularité de métronome depuis 2010. Et le voilà aujourd'hui sur les planches, mais pas celles que vous croyez, il s'agit des planches d'une nouvelle BD intitulée "le petit Issa", dont il est le héros et qui sortira le mois prochain.
Issa Doumbia est un quarantenaire à l'allure bonhomme, le pote de banlieue que l'on rêve tous d'avoir pour qu'il nous raconte ses histoires extraordinaires, vécues avec tous les rebeux du coin.
Et bien désormais ce sera possible, son histoire, le comédien a décidé de la raconter à sa façon et toujours avec humour, dans une BD confectionnée sur mesure avec l'aide du dessinateur Liroy et son amie d'enfance, aussi co-auteure de ses spectacles, Jeanne Degois.
"L’aventure de la bande dessinée a commencé avec Liroy, c’est quelqu'un qui m’a dessiné sur les réseaux sociaux parce que je jouais dans la série Sam sur TF1, et c’est la première fois que je trouvais que ça me ressemblait vachement."
Une attention qui touche profondément, le comédien qui prend contact avec le dessinateur. Une autre série de dessins vont suivre pour illustrer le quotidien de Issa Doumbia. L'acteur poste régulièrement ses croquis sur les réseaux sociaux sans oser espérer avoir un jour sa propre bande dessinée.
Liroy en venant à Charleroi, chez Kennes éditions, pour éditer un album, va parler de ses dessins et de l'acteur français, c'est là que le projet va vraiment naître.
« Du coup, il a parlé de moi, on a fait un rendez-vous en zoom, on ne se connaissait pas encore, mais ça a matché tout de suite. Moi j’avais deux conditions, travailler avec Liroy bien sûr et puis associer Jeanne Degois, ma petite soeur de coeur, ma complice, ma jumelle. Nous avons grandi ensemble et elle me connait par coeur. En plus, elle est fan de BD. »
Les éditions Kennes décident non sans hésitation de relever le défi. Jeanne dit oui ! Et c'est parti.
« En terme de scénario, c’est très pépère, parce qu’il a déjà une vie de super héros »
Jeanne est la mémoire de Issa, elle est capable de lui rappeler des souvenirs qu'il a lui-même enfouis.
« Je suis fan de BD, c’est pour ça que j’ai accepté ce projet, ça m’explose le cerveau de faire ça mais j'adore. Et pour une fois, c’est bien que l'héro soit un banlieusard noir, avec ses soeurs qui l’éduquent. Nous étions voisins, il a connu la même vie que nous, c’est plein de belles valeurs qui s’invitent dans un monde que l’on aimait trop. »
La BD, il est tombé dedans tout petit
Issa est passionné de bande dessinée, c'est là qu'il est allé chercher ses premiers héros et aujourd'hui ses rêves dépassent la réalité.
« Toute ma vie je vais rester un enfant, j’ai eu plein de rêves, mais avoir un personnage dans une BD c’est un truc auquel j’aurais jamais pensé. Et en plus, j'ai joué dans un film qui va sortir l’année prochaine avec des gaulois très connus, enfin vous avez compris… Dans ce film, j'incarne un personnage de BD, je serai BABA le vigie du bateau des pirates dans Astérix et Obélix, un rôle dont j’avais toujours rêvé. »
Issa a toujours été attaché à l'univers des bandes dessinées de son enfance, en faire à présent partie en tant que scénariste et auteur, le met au même rang que Spirou, Astérix et Obélix, Lucky Luke… Le petit Issa sera peut-être rangé sur la même étagère que ceux-là un jour. Une fierté pour ce petit garçon issu des banlieues et qui a cru en ses rêves.
Mais il reste encore une inconnue, la réaction du public.
Du projet à la BD
« on a envie de pleurer tout le temps » nous dit avec un énorme sourire aux lèvres Jeanne Degois.
Passer de l’idée abstraite au dessin couché sur le papier est un travail laborieux, et lorsque l'illustrateur parvient parfaitement à traduire le fruit de l'imagination des créateurs en quelque chose de concret et palpable, c'est un véritable cadeau.
« A chaque planche je lui disais, mais je t’aime. C’est fou ! On imagine, on sait comment écrire les histoires et ce que l’on veut, mais dés l’instant où l’illustrateur parvient à reproduire ce que l’on demande, et on lui en a demandé des choses, c'est merveilleux. La pire anecdote est sans doute celle où je lui ai demandé de dessiner le plan de mon quartier vu d’en haut. Liroy est très scrupuleux et précis. Son travail était fabuleux, mais il m’a dit tout de suite, si c’est possible, plus jamais ça ! (rires) »
Le résultat est à la hauteur du soin que le comédien a mis à écrire son premier album. Et à l'image de son personnage, il est aujourd'hui dans un monde un peu magique et fier d'annoncer la sortie prochaine de ce premier tome.
L’aventure belge
Pour faire naître une BD, il faut un éditeur, et l'on a beau s'appeler Issa Doumbia, cela ne coule pas de source. C’est la petite maison d'édition carolo, kennes éditions qui a accepté de porter ce projet. Son directeur, Dimitri Kennes, nous dit pourquoi il a d'abord hésité.
« D’un point de vue marketing c’était tentant. Par contre, c’est à double tranchant, on a l’impression très vite que l’on va faire un produit dérivé de ce qui existe déjà. C’est donc plutôt la rencontre et le processus mis en place qui a fait que l’on est entré dans le projet. Je sais que l’on va être attendus au tournant, mais Issa et Jeanne ont bien exprimé la manière dont ils ont voulu aller jusqu'au bout des choses. Et à côté de cela, c’est vraiment un travail d’équipe qui s’est mis en place. Et donc oui et non, on a hésité, on s’est tous un peu reniflés au départ pour voir si on était sur la même longueur d’onde. »
Visiblement, cette équipe s'est trouvée et si la critique et le public sont conquis, le pari sera gagné.
Le petit Issa pourra-t-il supplanter Issa Doumbia, en tout cas, il pourra prouver que d'où que l'on vienne, si l'envie et la passion sont là, on peut y arriver.
Mais encore…
Le premier professeur de théâtre de Issa Doumbia a été Djamel Debbouze. C’est lui qui lui a ouvert la porte pour sortir de sa banlieue, le grand frère a servi de modèle au jeune Issa.
« Il était capable de faire de la télé, capable de faire de la scène, il m’a donc montré que c’était possible… Aujourd’hui je me dis que si un gamin de banlieue qui a des talents de dessinateur ou d’auteur tombe sur cette BD, peut-être qu'il se dira lui aussi pourquoi pas ? C’est possible ! Il y a peut-être quelqu’un qui n’ose pas et à qui je vais servir d’exemple. »
A l'image d'autres avant lui, Issa Doumbia, veut être un modèle pour les générations de petits djamel, Issa et autre ramzy... des jeunes de banlieue qui ont osé croire en leurs rêves.
L.E.