La décision vient d’être prise. La maison de Marc Dutroux à Marcinelle, sera rasée pour laisser place à un jardin mémorial baptisé "Entre Terre et Ciel ». Et cette maison, elle a évidemment un triste histoire. Depuis la découverte en vie de Laetitia Delhez et de Sabine Dardenne, le 15 août 1996 jusqu’à aujourd'hui, beaucoup espéraient sa destruction, mais les choses n'étaient pas aussi simple.
1996: la découverte de la maison de l’horreur
C’est suite à l’annonce de la libération de Sabine et Laeticia qu’on découvre la maison de l’horreur le 15 aout 1996. C’est Dutroux lui-même qui a avoué où étaient cachées les deux jeunes filles. Elles sont retrouvées dans cette maison au 128 de l’avenue de Philippeville. La tristesse se partage avec la joie. D’autant plus que très vite, on apprend que Julie et Mélissa ont aussi été séquestrées dans la désormais tristement célèbre cache dans la cave.
Un an plus tard, la rue est rénovée. Une première tentative pour adoucir un souvenir et une réputation douloureuse. Mais à l’époque, on se demande toujours quoi faire de la maison.
Pendant l’enquête et le procès, pour le quartier, c’est une mauvaise réputation
Avant la fin du procès, tout doit rester en l’état. En 1999, Dutroux, Lelièvre et Martin sont amenés à l’avenue de Philippeville sont ramenés à Marcinelle. Un important dispositif de sécurité évite la curiosité malsaine de certains qui fait le désespoir des habitants du quartier.
En 2004, une reconstitution ramène Dutroux, la Cour et les jurés à Marcinelle. Ainsi que Sabine et Laeticia. Elles rentrent dans la cache, comme les juges et jurés. Un moment d’émotion qui montre, si on pouvait en douter, que même huit ans après les faits, rien ne peut effacer le souvenir et la douleur. Avec les images crues de ce réduit emmuré en sous-sol, c’est toute la population qui revit le drame des enfants enlevés et violés. Et redonne un sinistre coup de projecteur sur la maison marcinelloise et le quartier.
Une fresque pour cacher la maison
Il ne faudra pas attendre longtemps pour que la Ville réagissent. La même année, en 2004, la façade disparaît en quelques heures sous des plaques et une bâche. La Ville voudrait racheter la maison, mais si on ne sait toujours pas qui en est propriétaire.
La célèbre fresque de l’enfant au cerf-volant est installée. Sans autorisation.
« C’est une procédure très lente qui ne va pas s’achever dans les mois ou les années à venir, expliquait à l’époque l’échevin Claude Despiegeleer. Nous avons donc pris la décision de recouvrir. Comme ça, cette façade de l’horreur n’existera plus à proximité du centre-ville. »
Le Mur de la Civilité
La fresque veut ramener de la gaité dans le quartier. Et les habitants y contribuent aussi quelques mois plus tard. En peignant la palissade devant les voies de chemin de fer, créant un mur de la Civilité. Pour redonner un autre aspect au quartier et faire oublier le passé.
En 2009, Dutroux revient à Marcinelle pour la dernière fois, pour l’expropriation de la maison pour cause d’utilité publique. La procédure judiciaire impose sa présence. La maison va donc être vendue à la Ville de Charleroi qui veut toujours détruire le bâtiment et en faire un espace vert.
Vers une solution
En 2019, enfin, le dossier est relancé dans le cadre du plan de perspectives de développement urbain de Charleroi. On prévoit la démolition dès le premier trimestre 2021. La volonté est d’en faire un lieu d’hommage et de respect. Le dossier a mis du temps. Trop sensible pour qu’on le prenne à la légère.