Au cœur des revendications des agriculteurs de la fin des jachères. Une aberration environnementale et économique. En effet, l’Union Européenne souhaitait que 4% des exploitations soient consacrées à cette zone non productive. Depuis hier, la Commission européenne envisage une nouvelle dérogation sur les règles de la jachère.
C’est une première petite victoire pour les agriculteurs mécontents. La Commission européenne a proposé hier de prolonger, pour 2024, la dérogation "jachères" à la politique agricole commune. Concrètement, les exploitants devront laisser 4% des terres en jachère ou les dédier à des éléments comme des haies ou des mares par exemple.
Concrètement, cela correspond en Wallonie à des surfaces de l’ordre de 0,1 % de la surface agricole cultivée. Certes, l’exploitant n’est pas payé pour ces éléments s’il se contente de respecter uniquement la règle. Mais s’il dépasse le seuil des 3 ou 4% imposé, les revenus deviennent très intéressants, car dans ce cas il est rémunéré jusqu’à 7%.
"En réalité, beaucoup d'agriculteurs rentrent déjà sans le savoir dans les conditions de cette mesure. Pour les autres, le chemin est souvent beaucoup plus court que ce qui est craint. Pour l'UNAB, l'abolition de cette mesure revient à se tirer une balle dans le pied : les autorités wallonnes et européennes retireront probablement cette règle et pourront dire qu'elles ont entendu les revendications des agriculteurs, et s'arrêter là sans proposer de solutions au véritable problème : un revenu décent à hauteur du travail fourni" explique Thierry Van Hentenryk, porte-parole de l'UNAB.
Mais la jachère c’est quoi ? C’est un procédé très ancien ou il s'agit de mettre au repos une partie des champs pour éviter la surproduction et l'épuisement des sols. Les exploitations agricoles supérieures à 10 hectares doivent mettre en jachère 4% des terres cultivables (ou alors, y planter des haies). Cette obligation est en vigueur depuis 2023. C'est une des conditions pour toucher les aides européennes de la Politique agricole commune.
Mais supprimer ce processus serait contraire à une bonne gestion de la biodiversité. On estime que le maillage écologique présent sur nos terres doit représenter 10% de la surface agricole afin de rétablir les populations d’oiseaux. Or, selon les derniers chiffres pour la Wallonie, nous ne serions qu’à 0.7% de maillage écologique en milieux agricoles.
Les agriculteurs espèrent que cette dérogation européenne devienne définitive.