L’épidémie de covid-19 tend à diminuer depuis quelques semaines mais il ne faut pas négliger d’autres maladies bien plus graves comme les cancers. Durant les précédentes vagues de l’épidémie, certains services ont été mis en stand-by, ce qui a retardé certains dépistages et examens. Les hôpitaux tentent de rattraper leur retard mais parfois, il est déjà trop tard.
L’apparition du Covid-19 a ralenti considérablement les dépistages et les diagnostics de cancer ces deux dernières années. Les hôpitaux ont dû ralentir leur cadence mais à l’heure actuelle, on ne peut pas encore parler de bombe à retardement. « Je ne pense pas que c’est une bombe mais plutôt une ‘bombinette', rassure le directeur médical du Grand Hôpital de Charleroi, Manfredi Ventura. Il y a quelques mois, on voyait des gens venir avec des cancers plus avancés, ce dont on avait perdu l’habitude. Il y a donc eu un recul dans la prise en charge des cancers, dans la capacité de dépistage et cela s’est vu au niveau national. »
Le covid-19, dommage collatéral des cancers !
Plusieurs facteurs expliquent ces retards comme la peur de venir à l’hôpital. Et certains services étaient aussi à l’arrêt.
« Les dépistages n’ont pas été stoppés mais on a constaté un gros frein avec beaucoup moins de patients qui venaient spontanément. Il y avait moins de patients référés parce que les médecins traitants avaient beaucoup de travail et avaient moins de facilité pour voir leurs patients de façon routinière », explique le docteur Ventura.
Le cancer du côlon fait partie des cancers les fréquents, aussi bien chez l’homme que chez la femme. A l’hôpital de Lobbes, on a malheureusement constaté une augmentation des cas. « Nos consultations débordent, non seulement parce qu’il y a les patients actuels mais il y a maintenant ceux qui ne sont pas venus antérieurement », déplore le docteur Delaunoit, oncologue digestif à l’hôpital de Lobbes (Groupe Jolimont).
« Si le cancer (du côlon) est là, ce n’est pas trois mois de diagnostic reporté qui vont faire que le patient va se retrouver dans une situation palliative. Ce n’est pas ce retard de deux-trois mois qui est un problème mais un retard d’un an peut l’être. »
Le risque zéro n’existe pas mais les hôpitaux prennent un maximum de mesures préventives. Les médecins insistent également sur l’importance du dépistage.
« On sait qu’un cancer traité plus tôt est un cancer qui guérit beaucoup mieux. Il ne faut vraiment pas hésiter à venir à l’hôpital. D’autant plus que tous ces dépistages sont dans la plupart des cas entièrement remboursés par la sécurité sociale », rappelle le directeur médical du GHdC.
Tous les services des hôpitaux sont à nouveau opérationnels à 100%. Il y a moins de cas lourds que les médecins ne le craignaient et le tendance se répète dans les hôpitaux de la région.