Les hommes homosexuels sont discriminés depuis longtemps face au don de sang. Contrairement aux hétérosexuels ou aux couples lesbiens, ils doivent attendre plus longtemps pour donner leur sang. Une aberration quand on sait que les centres de transfusion font souvent face à des pénuries de sang. Notre pays pourrait bien prendre exemple sur d’autres.
L’Angleterre revoit sa copie
Lundi 11 octobre, le gouvernement britannique a annoncé la suppression en Angleterre d'une question dénoncée comme discriminatoire envers les candidat·es au don du sang. Une avancée en la matière.
Jusqu’à maintenant, les candidats et candidates au don de sang devaient dire s’ils avaient eu rapports sexuels avec quelqu’un qui a pu être sexuellement actif dans une zone où le VIH est endémique. Une zone qui inclut notamment les pays d’Afrique subsaharienne. En cas de réponse positive, un écartement de 3 mois était prévu après le dernier contact sexuel. Une mesure discriminatoire qui empêchait les personnes d’origine africaine désirant donner leur sang à le faire.
Des discriminations aussi en Belgique
En Belgique aussi, les critères d’éligibilité pour le don de sang sont parfois strictes et certaines sont même discriminatoires. Par exemple, après un voyage dans une zone à risque tropicale, un délai de 6 mois d’écartement à partir de la date de retour doit être observé. Mais là où le bât blesse, c’est au niveau des relations sexuelles.
Si vous avez un nouveau partenaire sexuel et que vous êtes hétérosexuel, vous devez attendre 4 mois avant de donner votre sang. Mais ce délai passe à 12 mois pour tout homme ayant eu une relation sexuelle avec un autre homme. Autrement dit, les homosexuels hommes sont clairement discriminés par cette mesure.
Le don de sang de Charleroi milite pour faire changer la donne
Pour le centre de Transfusion de Sang de Charleroi, cette mesure est une incompréhension puisque le sang collecté est testé par après. Il n’y a donc aucune crainte à avoir.
"On se bat, notamment avec la Croix-Rouge, pour que cette mesure soit changée. Les mesures d’éligibilité pour le don de sang sont trop restrictives de manière générale. Et cette mesure en particulier est discriminatoire. C’est une discrimination sexuelle ! Et cela génère des pénuries" estime Stéphanie Marana, responsable qualité au centre de Transfusion de Sang de Charleroi.
Avant d’ajouter : "Récemment, le jour de congé attribué en cas de don de sang a été supprimé. Résultat : depuis 5 ans, nous avons perdu à Charleroi 1/4 de nos donneurs. On est passé de 27.839 donneurs en 2015 à 21.163 donneurs en 2020."
Face à cette discrimination, une proposition de loi a été déposée au Sénat en juillet dernier pour augmenter le nombre de donneurs de sang volontaires en Belgique. Cela passe notamment par la fin de l’exclusion des homosexuels.
"Avoir un nouveau partenaire sous-entend en effet une attente de quatre mois avant de pouvoir (re)donner du sang. Un délai qui passe à un an pour tout homme ayant eu une relation sexuelle avec un autre homme, ce qui limite très fortement – voire qui annihile – les possibilités de donner pour les hommes ayant des relations homosexuelles avec des hommes" peut-on lire dans la proposition.
Une proposition soutenue par la Transfusion de Sang de Charleroi et la Croix-Rouge. Il est notamment demandé "d’abaisser de douze à quatre mois le délai d’attente pour tout homme ayant eu une relation sexuelle avec un autre homme (HSH) lorsqu’il s’agit de récolter par aphérèse du plasma destiné au fractionnement". La balle est désormais dans le camp du Sénat.