La librairie Fafouille, dans le Passage de la Bourse est à vendre. En tout cas, c'est ce qui est affiché sur sa vitrine. En fait, le propriétaire de ce lieu bien connu des amateurs de livres anciens et de seconde main, pousse surtout un coup de gueule. Il voit son métier disparaître peu à peu devant la concurrence d'internet, la diminution du nombre de lecteurs, et les impôts et autres coûts qui sont en augmentation. Si on lui propose un bon prix, il vendra sa librairie. Mais il peut encore attendre.
« Mon foncier a encre augmenté. Ca devient impayable »
Etienne Granchamps, dit Fafouille, c’est une mémoire de la région. C’est LA librairie de seconde main de Charleroi. Mais il vient de mettre une affichette « A vendre » sur sa vitrine.
« C’est le sujet traditionnel de râlerie de Fafouille, explique le bouquiniste. C’est le foncier. La semaine passée, j’ai reçu de nouveau une augmentation de mon foncier. Donc je paye maintenant 11 000 euros et 120 euros d’augmentation cette année. Chaque fois, ça me fait râler. Et chaque année, je me dis que je devrais vendre, que ce n’est plus possible avec des livres vendus à deux euros. »
Bouquiniste, un métier en voie de disparition
Et depuis 35 ans qu’il le pratique, Fafouille a vu le métier de bouquiniste mourir peu à peu.
« La marge bénéficiaire sur les bouquins qui nous permet de payer tous les frais, diminue. Et il y a surtout la concurrence des gens qui se sont lancés dans l’e-commerce. C’est plus facile, il n’y a pas besoin de vitrine. Et puis, moi aussi, j’augmente en âge. Je suis un peu lassé et fatigué. »
« On ne devrait pas fermer tout de suite. Il reste encore beaucoup de livres à vendre »
Mais le bouquiniste veut rester optimiste. S’il ferme, il souhaiterait devenir guide kayakiste (une autre de ses passions) sur la Lesse. Et il rassure ses clients. Pas sûr du tout qu’il ferme bientôt.
« Tant que je n’ai pas vendu, je reste là. Et j’ai encore cent mile livres à vendre. Donc je serais un peu embêté su demain matin, on me faisait une bonne proposition, avec tout ce que j’ai encore à vendre. »
En Afrique, on dit qu’un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui disparaît. Ici, on peut dire que si un bouquiniste ferme sa boutique, c’est une partie de notre histoire qui risque de disparaître.