Depuis 2012, la ville de Courcelles se bat pour maintenir des distributeurs dans sa commune et plus particulièrement dans les villages. Il s'agit d'un service de proximité que les banques doivent fournir aux citoyens. A Gouy-lez-Pieton et Souvret par exemple, il n'y a plus de distributeurs. La bourgmestre, Caroline Taquin porte le débat au niveau fédéral pour trouver des solutions.
Entre les fermetures d'agences bancaires et la mauvaise répartition des distributeurs de billets, certaines communes vivent ce que l'on peut appeler une fracture bancaire.
A Courcelles, le combat a commencé en 2012, et plus récemment, la bourgmestre MR, Caroline Taquin a reçu deux questions orales posées en séance du Conseil communal du 22 février concernant la désertification bancaire et l’installation de distributeurs de billets sur son territoire.
"Cela pose problème pour la population qui n'a pas toujours de moyens de transport pour rejoindre Courcelles ou Trazegnies, je pense aux personnes âgées, aux personnes à mobilité réduite. Les banques doivent garder en tête qu'elles sont un service aux citoyens et qu'elles ne sont pas gratuites non plus."
La solution passe par un consortium de banques
Il y a peu cinq grandes banques ont créé une nouvelle société, Batopin (Belgian ATM OPtimization INitiative) dans laquele on retrouve Belfius, BNP Paribas Fortis, ING et KBC qui va gérer un nouveau réseau d’automates.
La promesse de Batopin, est un point CASH dans un rayon de 5 km du domicile ou du lieu de travail pour 95 % de la population belge.
Elles promettent d’assurer un maillage optimal qui permettra à 95 % des citoyens de disposer d’un distributeur de billets à moins de 5 km de chez eux.
A Gouy-lez-piéton et Souvret, il n'y a plus de distributeurs du tout, Caroline Taquin et son échevin des finances, Hugues Neirynck, ont déjà réfléchi à différentes solutions mais sans succès.
"On a lancé des marchés publics, les banques ne répondent pas. On a tenté avec Bpost d'avoir des distributeurs de billets supplémentaires, mais dans le contrat de gestion à partir du moment où il existe déjà un distributeur de billets sur son territoire, on ne peut pas en avoir d'autres, sauf évidemment en payant quelques centaines de milliers d'euros. Avec Bpost, nous avions un problème juridique supplémentaire puisque les communes doivent procéder par marché public et Bpost par convention."
Rien n'est simple dans notre petit pays. Le projet Batopin étant sur la table, c'est au niveau fédéral que la députée-bourgmestre se bat donc aujourd'hui, surtout pour obtenir des garanties.
"Il y a un plan de mise en place étalé sur 3 années, mais il reste des zones d'ombre. Quelles sont les garanties que 95% de la population belge aura accès à un distributeur à 5 km, comme cela est promis ? Quelles sont les pistes de solutions existantes pour les 5% qui seront en zone blanche ? Quelle assurance auront les citoyens d'avoir accès à 100% de distributeurs en accès pour les personnes à mobilité réduite ou isolées ? Est-il envisageable pour les banques de travailler de concert ? "
Car il n'y a pas que Batopin sur ce marché juteux des distributeurs de billets, il y a aussi la joint-venture JoFiCo composée de cinq institutions bancaires belges : Argenta, Axa Banque, Bpost, Crelan et VDK bank. Ces derniers ont déjà commandé 1500 nouveaux distributeurs de billets.
Une problématique en débat au fédéral
La commune de Courcelles a déjà répondu à l'appel à projet Batopin. Un contact a été pris avec les responsables et nous avons pu obtenir certains éléments supplémentaires.
En effet, cette association collabore avec une entreprise experte afin de créer un plan général de localisation des nouveaux points cash. La sélection se fera progressivement. Le plan de localisation sera prêt pour la fin du premier trimestre.
La fin d'une longue lutte peut-être pour l'échevin des finances Hugues Neirynck
"La Commune de Courcelles a tenté à plusieurs reprises de lancer des marchés publics avec plusieurs banques ou autres sociétés pour au final se heurter à un mur dans chacune des démarches effectuées ! Mais la commune ne compte pas en rester là et suit de près cette solution qui semble enfin se dégager"
A ce stade, la ville n'a néanmoins aucune garantie comme le déplore Caroline Taquin.
"Les villages sont de plus en plus dépourvus de services de proximité qui sont toujours essentiels. On connait la fracture numérique qui s'est marquée plus encore lors de la crise sanitaire. Donc voilà, plus de points poste, pas de distributeurs de billets pour des zones en plus mal desservies par les transportes en commun. Et c'est aux communes à pallier ces problèmes. Nous, nous avons mis en place un "sixty bus", mais ce n'est pas suffisant."
Du côté des moyens d'actions, la députée-bourgmestre n'est pas avare en questions et en interpellations au niveau fédéral, elle est rejointe par quelques députés en lien avec la réalité de leurs communes, mais les choses ne sont pas gagnées d'avance.
"Face aux banques, il faut vraiment faire entendre sa voix. Les députés attendent un geste fort des banques, un geste également attendu de leur clientèle."
Le premier point CASH de Batopin sera disponible mi 2021. Le déploiement complet du réseau de guichets automatiques neutres sera achevé d’ici 2025.