Le fascisme, le racisme ou encore la discrimination et les actions de la Ville pour y remédier étaient au cœur de nombreuses questions lors du conseil communal de Charleroi du 22 janvier 2024.
Il y a un an, la Ville de Charleroi devenait, par le vote d’une motion, « ville antifasciste ». De manière plus générale, le conseil est particulièrement attentif aux sujets qui peuvent heurter ou exclure une partie des Carolos.
Dernièrement, le 23 novembre 2023, une affaire a scandalisé de nombreuses personnes : 89 tombes dans le carré israélite du cimetière de Marcinelle ont été vandalisées le 23 novembre 2023. Suite à la question de Jean-Noël Gillard, conseiller et chef de groupe Défi, l’échevin des Cimetières Mahmut Dorgu a informé sur les suites de ce dossier :
Nous n’avons pas de nouvelles concernant la procédure judiciaire, mais nous sommes en communication avec les familles concernées par ces terribles faits, nous répondons à leurs questions. Un avis a été déposé au cimetière invitant les familles à se rendre à la police : fin décembre, 30 plaignants se sont fait connaître. Concernant le dossier judiciaire, il est monté, et suit son cours.
« Être noir » à Charleroi
Le 25 octobre dernier, l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne publiait son rapport « Être noir dans l’UE ». Il révèle qu’en Belgique,
- 44% des personnes interrogées se sentent victimes de profilage ethnique en matière de logement
- 45% dans la recherche d’un emploi.
Là où, en 2016, 39% des personnes interrogées déclaraient avoir été victimes de racisme au cours des cinq années, on en est à 45% aujourd'hui. Le racisme augmente-t-il également à Charleroi ? Que faisons-nous au niveau local ?, s’interroge Tanguy Luambua, conseiller C+.
Laurence Leclerc, échevine du Logement, s’est dite préoccupée par la problématique de discrimination à l’accès au logement. Ses équipes ont notamment contacté des agences immobilières pour les sensibiliser.
J’aimerais aussi prendre contact avec le syndicat National des Propriétaires et Copropriétaires pour travailler avec eux sur une action concrète afin de sensibiliser les propriétaires privés qui n’en sont pas souvent informés.
Quand des contrôles mystères auront révélé quelques informations, l’échevine compte contacter la région afin de mieux cibler ses actions. De son côté, Alicia Monard, échevine de l’Égalité des chances, continue de lutter contre le racisme notamment à travers ses Big Fight qui ont rencontré un vif succès en 2023 : d’autres événements verront le jour cette année.
Des freins à l’inscription à l’État civil d’une naissance ?
Maxime Felon, conseiller PS, a pris la parole suite à un constat : il est difficile pour 2 papas de déclarer un enfant né sous GPA (Gestation Pour Autrui).
Le motif de ces difficultés est que les Services de l’État civil refuseraient d’inscrire la naissance, car il n’y a pas de nom féminin sur l’acte de naissance des enfants. Les conséquences : pas de mutuelle et donc de remboursement des médicaments et vaccins, pas d’allocations sociales, pas de crèche… Est-ce déjà arrivé à Charleroi ? Une démarche existe-t-elle ?
Mahmut Dogru (PS), échevin carolo de l’État civil, a indiqué qu’en Belgique, le droit en la matière est marqué par un vide juridique et donc ne confère aucun droit aux parents. En conséquence, ce sont aux tribunaux de trancher.
À Charleroi, nous avons eu un cas fin 2022 : un couple d’hommes qui n’a rencontré aucune difficulté, car ils étaient aux faits du cadre juridique, et avaient consulté un avocat. La Ville de Charleroi les avait aidés à faire aboutir le dossier notamment en donnant une valeur partielle à l’acte le temps de faire les démarches. Tout s’est finalement bien terminé pour cette famille. Nous veillons à éviter toute inégalité, et nous privilégierons le bien-être de l’enfant et le respect de la loi, a précisé l’échevin.
Le conseiller PS s’est réjoui de cette réponse, et a marqué le souhait de débattre davantage, par la suite, sur la GPA.
Pas assez de places pour les PMR ?
Jean-Noël Gillard, conseiller et chef de groupe Défi, s’est fait le porte-parole des personnes à mobilité réduite (PMR) qui regrettent le choix de la ville de ne pas autoriser le stationnement gratuit sur l’ensemble du territoire couvert par le stationnement payant.
Les raisons de la Ville sont connues : la disproportion entre les dérogations pour PMR et les abonnements classiques, d’une part et l’augmentation des places de stationnement PMR qui ont triplé, d’autre part.
Xavier Desgain, échevin de la Mobilité, a rappelé que la Ville de Charleroi est au-dessus des recommandations des circulaires ministérielles concernant les places dédiées aux PMR. Mais ses services vérifient régulièrement si les besoins évoluent.
Avec la scan-car, nous vérifions que les places PMR soient suffisantes. En moyenne actuellement, nous sommes à 70% des places occupées. Ça nous semble suffisant, mais c’est évolutif et s’il le faut on y retravaillera. Nous sommes également en train de remettre aux normes certaines places qui n’étaient jusqu’ici pas assez grandes. Aussi, les règles d’octroi de ces places vont être assouplies et facilitées.
Pour information, plus généralement, ce sont tous les parkings qui ont à nouveau suscité le débat. Selon certains conseillers, le parking payant met à mal les commerces et fait fuir les clients. C’est notamment pour cela que, selon eux, malgré les nombreux efforts de Babette Jandrain l’échevine du Commerce, le nombre de cellules vides augmente à Charleroi.