La ministre fédérale de l'Energie, Tinne Van der Straeten, a mis en garde mardi contre les conséquences d'un retard dans le projet de la "Boucle du Hainaut". Des milliers d'emplois et les objectifs belges de réduction d'émission de gaz à effet de serre sont en jeu, a-t-elle averti en commission de la Chambre en réponse à des questions de Bert Wollants du N-VA et Catherine Fonck des Engagés.
"Un retard de la Boucle du Hainaut signifiera une situation lose-lose-lose: un prix plus cher, plus d'émission de CO2 et des milliers d'emplois menacés. En outre, cela signifie que l'on ne pourra plus construire à temps des éoliennes en mer. Si la capacité tombe, une autre capacité devra suppléer dans le même délai. Le monde à l'envers. Alors que nous devons nous passer du gaz, en bloquant l'éolien, nous devrons disposer d'une capacité supplémentaire en gaz", a dit la ministre écologiste.
La "Boucle du Hainaut" est une ligne électrique à haute tension qui sera aménagée par Elia entre Mont-de-l'Enclus et Courcelles, et qui passera par le territoire de 14 communes. Le projet suscite une vive opposition locale, semblable à celle qui a entouré "Ventilus" en Flandre occidentale. Il est d'une importance particulière pour l'approvisionnement électrique de la Belgique puisqu'il permettra de transporter l'électricité produite par le parc éolien Princess Elisabeth en mer du Nord, à sa pleine capacité, soit 3.500 MW.
La délivrance du permis est attendue en 2026 de manière à ce que la ligne puisse entrer en service en 2030.
Le tracé de la ligne relève de la compétence du gouvernement wallon. Le 20 mai, le ministre de l'Aménagement du territoire, Willy Borsus, a signé les documents visant à réviser les plans de secteur relatifs à cette liaison. La ministre fédérale a "déploré" la décision prise d'analyser la possibilité d'enterrer complètement la ligne alors que les experts consultés ont conclu, selon elle, que ce n'était pas possible.
"Cette analyse ne générera pas de nouvelles perspectives. Elle ne fera que donner de faux espoirs aux communes", a-t-elle dit.
"Si un gouvernement décide d'appuyer sur pause, nous en serons tous les victimes. Je suis convaincue que chaque décideur politique le sait et se comportera en conséquence", a-t-elle ajouté.
Dans l'opposition, les Engagés ont appelé chacun à sortir du "double voire du triple discours" dans ce dossier. Tant le gouvernement fédéral que le gouvernement wallon -où se retrouvent le PS, le MR et Ecolo- ont approuvé le plan de développement d'Elia qui contient cette liaison, a fait remarquer Catherine Fonck.
"Ces doubles et triples discours sont terriblement dommageables et entraînent une perte de confiance des citoyens. C'est un projet stratégique pour le pays. Elia veut le rendre effectif pour 2030. Il faut l'adhésion des citoyens sinon on aura des recours à chaque étape avec le risque de rendre cette date impossible", a affirmé la députée.
Mardi soir, dans un communiqué au ton acerbe, le ministre wallon de l'Aménagement du territoire, Willy Borsus (MR), s'est dit "stupéfait" par les déclarations de la ministre fédérale de l'Energie.
"J'y vois une forme de mépris pour les questions et inquiétudes formulées par de nombreuses villes, communes, associations, ainsi que par 23.000 citoyens", a réagi le libéral.
"Rejeter les problèmes et les émissions des turbines gaz vapeur vers d'autres responsabilités est une ficelle tellement grosse qu'elle ne résiste à aucune analyse. Travaillons sérieusement et avec respect".
Et le ministre wallon de lancer: "Tinne, et si vous vous occupiez de l'avenir de nos centrales nucléaires ?"
Source: Belga