Avortement : une loi qui reste en gestation

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La proposition de loi qui voulait rallonger le délai d'interruption de grossesse de 12 à 18 semaines a été votée hier a essuyé un refus. Une sorte de prise d'otage du droit des femmes. Rencontre avec une psychologue qui dans un centre de planning familial dans la région de Charleroi.

On était à deux doigts que la loi sur l’avortement passe. Mais finalement c’est un non, le CD&V, la NVA le Vlaams Belang et le CDH s’y sont opposés en se tournant pour la troisième fois depuis 2016 vers le Conseil d’Etat. Comme si les femmes n’étaient pas capables de prendre une bonne décision. « Quand une patiente se rend compte d’une grossesse qui n’est pas désirée, je pense que c’est une démarche (l’IVG) qui n’est pas forcément facile. Les plannings familiaux sont justement là pour mettre à l’aise et soutenir au mieux les patientes dans leur décision », explique Marie Goethals, psychologue dans une maison familiale de la région de Charleroi. 

En Belgique, on peut avorter jusqu’à 12 semaines, le but de cette loi est de passer à 18. Aujourd’hui, l’avortement est toujours illégal mais est dépénalisé, ce qui veut dire qu’on ne peut plus être poursuivi pénalement. L’interruption volontaire de grossesse peut se dérouler soit dans un centre de planning familial soit dans un hôpital. 

« Le premier stéréotype est de croire que les IVG se font surtout chez les jeunes filles alors que ce n’est pas du tout la population majoritaire. On est plus ou moins à 4% pour les patientes mineures. La courbe des femmes qui font des IVG au niveau de l’âge est exactement la même que celle des femmes qui vont accoucher. Le pic se situe entre 25 et 35 ans. » 

Chaque année, il y a entre 500 et 1000 femmes belges qui se rendent aux Pays-Bas. L’avortement est une urgence et l’angoisse monte avec le délai qui raccourcit. En France, il y a la loi Veil qui existe depuis 45 ans et en Angleterre, le délai légal de recours à l’IVG est de 24 semaines. « Si on passait ce délai à 18 semaines, ça ne va pas modifier l’attitude des patientes. Elles ne vont pas décider d’attendre plus longtemps. Une patiente qui fait une IVG après 12 semaines, c’est parce qu’il y a eu soit un déni de grossesse ou soit une situation très compliquée. Ce n’est absolument pas pour le plaisir qu’on attend des semaines supplémentaires », explique la psychologue.

En votant contre cette proposition de loi, les quatre partis ont vite oublié qu’il s’agit en fait du droit des femmes. Quelque part, elles sont prises en otages. Comme si elles étaient punies d’être enceintes.


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