Les éditions Kennes et Borgerhof & Lambergits publieront cette semaine un livre du secrétaire d'État fédéral Thomas Dermine. Un ouvrage qui veut tordre le cou aux clichés sur la Wallonie qui règnent à ses yeux chez les Flamands mais aussi chez bon nombre de Wallons.
Le livre sera publié en français et en néerlandais. Le contenu est identique mais les titres varient: du sobre "Wallonie-Flandre. Par-delà les clichés" au plus direct "Walen werken wel" (les Wallons travaillent vraiment). En six chapitres, le jeune socialiste de Charleroi interroge six idées reçues sur la Wallonie: la Wallonie est-elle un désert économique? Le travailleur wallon est-il plus paresseux que le travailleur flamand? La Wallonie vit-elle aux crochets de la Flandre? etc.
"C'est un livre qui est très fortement inspiré d'expériences personnelles. J'ai eu la chance de passer plusieurs moments de ma vie en Flandre comme élève, comme étudiant et jeune travailleur", a expliqué mardi M. Dermine au cours d'une conférence de presse. "Ce livre consigne des réflexions sur le pourquoi de tant de différences entre la Flandre et la Wallonie".
L'idée lui est venue il y a deux ans, à l'issue d'un échange au milieu de la nuit au parlement, en réponse à un élu du Vlaams Belang qui alignait des clichés sur la Wallonie. Économiste de formation, M. Dermine a compilé une série de données qui tendent à contredire certaines soi-disant vérités: il y a des transferts entre la Flandre et la Wallonie, mais ils sont beaucoup moins importants, par exemple, qu'aux Pays-Bas entre la région de Rotterdam et le Limbourg néerlandais, ou qu'entre le nord-ouest de l'Italie et le sud. S'il y a toujours un écart entre Flandre et Wallonie, celui-ci ne s'est plus creusé depuis 20 ans. Et si le taux d'emploi en Flandre est plus élevé qu'en Wallonie, il s'explique aussi par une population plus vieille et des temps partiels beaucoup plus répandus, tandis que les enquêtes d'opinion font apparaître un appétit de travail légèrement plus important au sud du pays qu'au nord.
"Non, les différences ne sont pas exceptionnelles, mais ce qui est exceptionnel, c'est la structure institutionnelle de la Belgique où se joue en permanence un match de foot. Il y a un clivage qui se superpose à un autre", a souligné M. Dermine.
En conclusion de son livre, le secrétaire d'État à la Relance du gouvernement Vivaldi avance des recommandations pour donner des perspectives à la Wallonie. "Je veux montrer qu'en Wallonie, il y a une génération de politiques et d'entrepreneurs qui veulent aller de l'avant et construire un avenir qui ne soit pas en opposition avec la Flandre", a-t-il dit.
Le livre sera présenté en Flandre. Il suscite d'après M. Dermine un intérêt particulier auprès du patronat flamand. "Parmi les plus intéressés à parler de cela, il y a les patrons flamands. Il y a 25 ans, le coup de génie de la N-VA a été de substituer à un nationalisme fondé sur un discours culturel et linguistique un nationalisme fondé sur un discours économique. Vingt-cinq ans plus tard, le patronat flamand se rend compte que ce discours de rejet n'a pas mené à grand-chose, sinon à une extrême-droite à 25%, ce qui est difficile à gérer sur le plan économique, et qu'une partie des relais de croissance de la Flandre se trouvent en Wallonie", a-t-il dit.
Source: Belga