Par Lee Colonius
L'ex-échevin farciennois Atilla Demir en aveux d'avoir détourné 239.000 euros, devant le tribunal correctionnel de Charleroi
En janvier 2018, la commune de Farciennes apprenait la démission d’Atilla Demir, à l’époque échevin (PS) des sports et de la jeunesse, notamment. L’homme, unanimement apprécié au sein de la commune, était contraint de renoncer à ses différents mandats après avoir admis le détournement de 20.000 euros des caisses de la Régie Communale Autonome (RCA) de Farciennes.
À l’époque, les confidences d'Atilla Demir au bourgmestre Hugues Bayet ont été transmises au parquet de Charleroi. Un dossier avait été ouvert et la RCA déposait également plainte pour les agissements de son administrateur délégué. En septembre 2017, le comportement d’Atilla Demir a été épinglé par un fiduciaire et des comptables. « Il y avait notamment des rappels de la SWDE pour une facture qui était encodée comme payée. Mais le numéro de compte se trouvant sur le virement n’était pas celui de la SWDE mais celui d'Atilla Demir. » Plusieurs milliers d'euros se sont retrouvés sur le compte bancaire de l'ex-échevin.
Après quelques heures de réflexion, l’ex-échevin de la commune avouait finalement au bourgmestre avoir détourné pour 80.000 euros. À l'époque, ce montant était encore inférieur à la réalité. « Dans un premier temps, on a découvert qu’il y avait eu un détournement de 115.000 euros des caisses de la Régie. Mais avant la RCA, en charge des infrastructures sportives de Farciennes, il y a eu l’ASBL Centres sportifs farciennois où Atilla Demir occupait le poste de président jusqu’en 2014. Et là, le préjudice est le plus important puisqu’on a découvert un détournement de 124.000 euros », confirme la substitut Di Vincenzo. En tout, Atilla Demir a détourné 239.000 euros.
Poursuivi ce lundi pour faux en écriture, faux en informatique et plusieurs fraudes informatiques (détournement d’argent public par un fonctionnaire), Atilla Demir ne conteste pas les faits, admettant avoir été pris dans un engrenage. « J’ai fait une grosse bêtise. Je me suis retrouvé dans un appât où de jour en jour je m’entassais. Je ne savais même pas comment m’en sortir. C’était une connerie à la suite de problèmes financiers et d’une addiction aux jeux », explique le désormais chauffeur-éboueur au sein d’une société.
« Depuis lors, je ne joue plus. Je me suis fait interdire de jeux et j’ai fait une cure. » Son conseil, Me Jean-Pierre Deprez, confirme les propos de son client, qui jouait fréquemment de grosses sommes d’argent lors de paris sportifs sur des matchs de football. Atilla Demir évoquait également un litige avec un entrepreneur suite à des malfaçons sur sa maison. « Il s’est retrouvé dans un monde qui ne lui convenait pas et a perdu contact avec la réalité », a plaidé son avocat.
Pour le parquet, Atilla Demir a abusé de la confiance de nombreuses personnes, à commencer par les Farciennois qui ont voté en nombre pour lui lors des élections communales. Pour ces détournements commis entre 2012 et 2018, une peine de 3 ans de prison avec une amende de 10.000 euros a été requise. Vu l’absence d’antécédent judiciaire du prévenu, la substitut Di Vincenzo ne s’oppose pas à un sursis. La défense plaide une peine de travail autonome. Le jugement aura lieu le 15 mars prochain.