C’est vers 11h ce dimanche que la police locale de Germinalt est appelée à la prison de Jamioulx pour une agression. Un détenu s’en est pris à la directrice du centre pénitentiaire alors qu’il comparaissait pour un rapport disciplinaire.
"Au moment où il rentre dans le local où doit se faire ce rapport, il va contourner le bureau de la directrice pour probablement faire semblant de dire bonjour à une gardienne. A ce moment-là, il va empoigner la directrice au niveau du cou et lui porter plusieurs coups avec une arme artisanale. Dans la scène, il va traîner la directrice à terre et lui porter des coups au niveau du bas du dos" détaille Vincent Fiasse, procureur du roi de Charleroi. Avant d'ajouter : "Très rapidement, des gardiens présents sont intervenus. Grâce à leur intervention courageuse, la directrice a pu éviter le pire. Dans le cadre de cette intervention, un des gardiens a été blessé au niveau du bras principalement".
Des faits d'une extrême violence
Les deux victimes sont directement soignées au sein de l’établissement. L’arme utilisée est une arme artisanale : une lame de rasoir coincée entre deux morceaux de plexiglass. L’enquête devra déterminer comment l'intéressé a pu s’en fabriquer une. Les faits sont d’une extrême violence. "Il y a quand même eu des blessures même si cela reste superficiel. Néanmoins, quand on voit les images puisque la scène a été filmée par les caméras de la prison, j'ai pu constater l'extrême violence et la détermination de l'auteur" confie le procureur du roi.
Des mesures prises à Jamioulx
L'intéressé né en 1995 est en prison depuis 2014. Il a été condamné en 2015 par la cour d'appel de Liège à une peine de 10 ans d'emprisonnement pour des faits de prise d'otage et des vols avec violence. Le 30 septembre 2019, le détenu a à nouveau été condamné par le tribunal correctionnel de Charleroi à une peine de 15 ans d'emprisonnement pour des faits de vols avec violence. Une décision qui est actuellement en appel et sera prochainement examinée par la cour d'appel de Mons.
A Jamioulx, des mesures ont été prises. Un régime de nuit a été mis en place et aucune activité n’est donnée. Les prisonniers doivent rester en cellule. Le détenu concerné, lui, doit être transféré ce lundi dans une autre prison. Le ministère public a saisi le juge d'instruction du chef de tentative d'assassinat à l'égard de la directrice et du chef de coups et blessures à l'égard du gardien. L'individu risque de 20 à 30 ans de prison pour les faits commis ce dimanche matin.
Une conséquence des économies effectuées dans les prisons selon les syndicats
Au lendemain de l'agression, la question est de savoir comment un détenu peut trouver du plexiglas dans une prison. La réponse est simple: faute de moyens, des vitres cassées sont remplacées par du plexi. Ce fait divers met en lumière ces économies de "bouts de chandelles", comme le disent les organisations syndicales, que ce soit au détriment du personnel ou des aspects techniques. Tout en reconnaissant l'extrême gravité des faits, elles ont cependant décidé de ne pas mener d'actions spontanées suite à cet incident mais de réinterpeller prochainement leur ministre de tutelle sur ces carences.