Selon une étude de l’Institut Vias, Thuin se distingue d’une bien drôle de manière. C’est en effet, dans cet arrondissement qu’il y a le plus d’accidents de la route sous l’emprise de l’alcool. Les chiffres sont alarmants. Ecolo est intervenu ce mardi en commission sécurité routière auprès de la ministre wallonne Valérie De Bue, pour la mise en place dès que possible d’actions concrètes.
Sur 291 accidents à Thuin, 63 sont dus ou impliquent une personne étant sous l’emprise de l’alcool, soit 22% du total des accidents. L’arrondissement se classe ainsi parmi les plus mauvais élèves du Pays.
Juste derrière l’arrondissement de Thuin, le tableau de l’Institut Vias épingle Tournai-Mouscron. Un peu plus loin avec un taux de 19% Waremme, Virton, Arlon et Soignies. Dans le Hainaut, et l’arrondissement de Charleroi plus particulièrement sur 1259 accidents, 210 sont liés de près ou de loin à la consommation d’alcool, soit 17%.
22% des accidents à Thuin, dus à l’alcool au volant, trop pour Ecolo
Les chiffres sont particulièrement alarmants et les écarts entre les différents territoires interpellants pour le député régional Ecolo, Christophe Clersy qui veut s’attaquer au problème.
"Je me suis aperçu que d’autres arrondissements de Wallonie présentaient des chiffres plus vertueux que ceux évoqués pour Thuin : c’est le cas de l’arrondissement de Dinant avec un taux de 13 %. Cette zone est voisine de l’arrondissement de Thuin et présente des caractéristiques assez similaires au niveau de la densité de son réseau routier. Il faut donc d’urgence prendre des mesures spécifiques pour intégrer la singularité de la situation thudinienne»
Christophe Clersy a donc interrogé la Ministre de la Sécurité Routière, Valérie De Bue, ce mardi en commission sécurité routière du parlement de Wallonie.
« Dans sa réponse, la ministre fait état de causes multifactorielles, notamment des problèmes de santé publique que l’on ne connait que trop bien dans le Hainaut. J’ai donc insisté sur le fait que des actions de terrain en matière de prévention doivent être menées. Je pense notamment aux clubs de sport, dans les écoles, dans les grands évènements et davantage, là où les chiffres sont alarmants.»
Il faudra pour cela attendre la fin de la crise sanitaire et peut-être les conclusions de Vias sur l’effet qu’aura eu cette crise sur le comportement des conducteurs. Le porte-parole de Vias, Benoit Godart est déjà convaincu que les chiffres seront meilleurs.
« Nous nous attendons à une réelle chute des chiffres pour 2020 avec l’effet combiné du couvre-feu et de l’interdiction de la vente d’alcool après 20h. Ces mesures n’ont pas été mises en place dans le cadre de la prévention en matière de sécurité routière, mais elles auront un impact certain. L’absence de fêtes, la fermeture des bars et dancings, l’annulation des marchés de Noël, tout cela va peser sur les chiffres avec aussi à contrario la diminution des contrôles sur les routes. »
Mais des solutions existent déjà, sur lesquelles Vias s’est penché.
Efficacité des peines alternatives
Une autre enquête datant de Novembre 2020 a en effet démontré l’efficacité des peines alternatives assorties de formations sur les effets de l’alcool au volant. Celles-ci réduiraient de 41% le risque de récidive. La formation est encore plus efficace chez les contrevenants condamnés pour la première fois. Il semble donc indiqué d’opter dans un premier temps pour une mesure éducative alternative telle une formation.
63% des personnes qui reçoivent une peine classique récidivent
L’étude réalisée par Vias concerne 600 conducteurs qui ont soit écopé d’une sanction classique soit se sont vus imposer une formation.
- Plus de la moitié de l’ensemble des contrevenants (51%) ont récidivé au cours de la période étudiée.
- Parmi ceux ayant reçu une sanction classique, 63% ont à nouveau été condamnés pour des infractions routières.
- Dans le groupe de contrevenants ayant pris part à une formation, ils n’étaient que 37% à avoir récidivé.
La récidive est plus rapide aussi en cas de sanction classique constate cette enquête.
Les cours de sensibilisation fonctionnent aussi bien chez les hommes que chez les femmes même si l’effet bénéfique est encore plus prononcé pour les femmes.
Les formations ont le plus grand impact sur les personnes condamnées pour la première fois.
Les formations ne sont toutefois pas la panacée et ne fonctionnent pas chez les personnes dépendantes.
Résultats équivalents à l’étranger
Les chiffres de l’efficacité des formations coïncident avec les résultats obtenus dans de précédentes études menées à l’étranger selon lesquelles, le suivi d’une formation représente une baisse de 42% du risque de récidive comparé à une sanction classique.
Si l’on veut développer des alternatives à la voiture en région rurale, il faut s’atteler sans tarder au problème conclut Ecolo. Des solutions existent, il faut les mettre en place et Christophe Clersy sera très vigilant.
« Pour nous écologistes, c’est une véritable priorité, pour pouvoir se déplacer à vélo, à pied sur les routes du sud de notre province, c’est une question de bon sens. Nous voulons que l’arrondissement de Thuin ne reste pas le plus dangereux du pays. »