Vous aimez la politique? Vous serez servis en 2024. Cinq scrutins arrivent; ils pourraient réserver des surprises et surtout annoncer l'avènement ou la chute de certaines personnalités...
Nous n'avons plus voté depuis 2019. Une rareté en Belgique où le passage aux urnes est un petit sport national. Mais cette année, c'est la totale. Le 9 juin d'abord, on votera pour élire les parlements fédéral, régionaux et européen. Et quatre mois plus tard, le 13 octobre rebelote avec un double scrutin communal et provincial. Ce qui n'ira d'ailleurs pas sans heurts voire malheurs pour certains: l'élection de juin pourrait très bien conditionner celle d'octobre. Et, inversement, les élections communales pourraient très bien modifier la donne établie quatre mois plus tôt. C'est surtout vrai pour tous ceux et toutes celles qui se présenteront à la fois aux régionales et aux communales puisque la cumul député(e) wallon(ne)-bourgmestre ou échevin(e) n'est désormais plus permis que pour 25% des élu(e)s d'un parti: ceux et celles qui auront obtenu le meilleur taux de pénétration à la Région.
C'est dire si cette année va en rendre certains un chouia nerveux. Des carrières vont se faire, d'autres seront presque tuées dans l'oeuf.
De nouvelles têtes vont apparaître, certaines s'affirmeront, d'autres disparaîtront pour un temps ou à jamais du paysage politique.
Pour Charleroi et sa région, les enjeux personnels ne sont pas différents. Au PS, Paul Magnette, ne risque pas grand chose en se présentant en tête de liste fédérale...si ce n'est de devenir premier ministre, ce qui l'obligerait à se mettre en retrait dans sa Ville de Charleroi.
Thomas Dermine va devoir sacrément scorer pour prouver qu'il mérite la tête de liste régionale que son parti lui a accordée. Hugues Bayet, l'actuel député-bourgmestre de Farciennes risque bien de devoir se replier définitivement sur sa commune, n'étant pas pour l'heure prévu dans le haut du panier régional ou fédéral. Sachant aussi que le PS carolo interdit le cumul, y compris au niveau fédéral...
Même souci pour Virginie Gonzalez, la bourgmestre d'Anderlues. Qui, en plus, devra se coltiner Guglielmo Pastorelli en face d'elle comme tête de liste du MR aux communales. Pas une sinécure...
Chez les Engagés, Jean-Jacques Cloquet, qui se lance en politique comme tête de liste régionale carolo, joue gros en matière de crédibilité, tandis que Julien Matagne, qui reluque sur la mayorat de Gerpinnes, attendra bien au chaud comme suppléant au fédéral que Jean-Luc Crucke (tête de liste en Hainaut) obtienne un maroquin ministériel pour pouvoir devenir parlementaire et donc cumuler (puisque c'est permis sans restriction à ce niveau).
Chez Ecolo, Christophe Clersy, tête de liste régionale est tout confort. Au contraire de Vinciane Ruelle qui devra cravacher pour devenir députée wallonne. Jean-Marc Nollet au fédéral, par contre, sera easy.
Le risque de Dolimont
Reste le MR, dont les têtes de liste régionale et fédérale pour le Hainaut seront connues dimanche. Et le choix s'annonce compliqué entre les intérêts des un(e)s et ceux du parti.
En gros voilà le topo: Adrien Dolimont, qui vise le mayorat d'Ham-sur-Heure/Nalinnes en octobre, n'a pas fait le choix de la facilité en se positionnant comme potentielle tête de liste régionale. Se présenter à la troisième place fédérale lui aurait assuré un siège de député qu'il aurait pu cumuler avec celui de mayeur. A la Région par contre, le cumul est loin d'être garanti pour lui. Il faudra que son binôme avec la deuxième de liste tienne la route et soit solide. Et là, on pense à Rachel Sobry dont le travail est unanimement reconnu au Parlement wallon jusqu'ici. Mais pour cela, et pour garantir également une place de deuxième à la bourgmestre de Courcelles, Caroline Taquin, au fédéral pour le Hainaut, il faudrait que...Marie-Christine Marghem (Tournai) accepte la tête de liste régionale en Wallonie picarde alors qu'elle préférerait, dit-on, faire un binôme fédéral avec Bouchez.
Si Marghem se présentait au fédéral, ce serait alors le bourgmestre de Péruwelz, Vincent Palermo, qui prendrait la tête régionale en Wapi. Ce qui, au passage, serait un caillou dans la chaussure de Dolimont: Palermo serait un concurrent sérieux dans la course au taux de pénétration qui déterminera qui peut cumuler au pas au Parlement wallon.
Casse-tête chinois libéral...
Et quand on vous disait que durant les prochains mois des carrières vont se faire et se défaire...