Depuis des années, la Ville de Thuin est ses habitants se battent contre une espèce : les corbeaux freux. Ces oiseaux, présents en très grand nombre dans la cité aux remparts, sèment la pagaille. Mais c’est une espèce protégée, il est donc compliqué d’intervenir.
Une nuée bruyante, digne du terrifiant film « Les Oiseaux » d’Hitchcock, est devenue un quotidien pour les riverains, notamment à Thullies.
« Ma fille va avoir 35 ans, et aux études secondaires elle était déjà dérangée par ces corbeaux pendant qu’elle étudiait. Le problème dure depuis des années, mais il s’intensifie. Nous sommes face à un mur, nous ne savons rien faire, et ces oiseaux ont 2km d’avance sur nous », témoigne Jean-Louis Thirifays, un riverain.
« Ils nous réveillent tôt le matin, nous empêchent de dormir, … Ça devient une phobie : on cherche le calme en permanence mais il y en a pas », explique à son tour Emilie Loriaux, une riveraine.
Une journée sans cris, dégâts ou déjection n’est plus arrivée depuis longtemps.
Toute l’année et partout
Les colonies s’installent dans presque tous les villages de l’entité, et posent problème toute l’année, et non pas seulement au moment de la nidification comme on pourrait le croire. Certains habitants conservent des photos prises chaque saison pour preuves.
« On ne s’en sort plus. Et nous sommes embêtés pour les habitants, mais aussi inquiets pour le reste de la faune et la flore sur l’entité », indique Fabian Pacifici (PS), échevin du Bien-être animal.
« C’est principalement le bruit le problème. J’ai essayé une solution, comme on me l’a conseillé : j’en ai pendu un faux. Ça a marché 2 semaines, et puis ils s’y sont habitués », témoigne un autre riverain, Michael Roulet.
Plusieurs habitants ont décidé de quitter le village, et d’autres pourraient suivre.
« Nous avons changé les châssis en pensant que ça allait atténuer le bruit, mais pas du tout. La dernière solution sera de déménager, mais ce n’est pas prévu financièrement. Et c’est dommage de devoir déménager pour ça », annonce Emilie Loriaux.
Aucune solution ?
Les témoignages se multiplient. Entre les habitants qui comptent déménager, et des enfants qui se font voler leur goûter, les corbeaux freux sont devenus les bêtes noires des thudiniens. Mais ces oiseaux sont protégés et ne sont pas considérés comme nuisibles.
« Ce sont des cris que certains trouvent désagréables, mais que d’autres trouvent agréables. Et puis, les corvidés sont des animaux très intelligents et beaucoup les apprécient. Il y a donc un rapport à la nature à questionner. Il n’y a aucun réel dommage, ce n’est que psychologique. Il est donc normal que la législation ne prévoie rien », explique Anne Weiserbs, ornithologue pour Natagora.
La loi les protège. La ville a reçu des dérogations avec des recommandations, mais rien n’y fait, les oiseaux résistent et ne quittent pas la commune.
Invitation pour la ministre wallonne
Les colonies sont trop nombreuses pour les faire fuir avec les quelques mesures mises en place. La Ville de Thuin a donc proposé à la ministre wallonne de la Nature et du Bien-être animal, Céline Tellier, de se rendre à Thuin.
« Elle pourra voir les dégâts qu’ils occasionnent. Nous ne voulons pas supprimer l’ensemble des colonies de corvidés, mais nous souhaitons pouvoir trouver une solution à cette situation qui nous échappe », explique l’échevin Fabian Pacifici.
L’objectif est de faire bouger les choses et d’être autorisé à prendre d’autres mesures, afin de retrouver calme et sérénité. La ville compte donc poursuivre ce combat pour la survie des autres espèces, et surtout le bien-être de ses habitants .
A.P.