Un Observatoire Universitaire en médecine rurale vient d’être lancé à l’UNamur. Ce projet, né d'une collaboration entre étudiants et soignants, met en lumière une problématique alarmante : la pénurie de médecins généralistes dans les zones rurales.
En Wallonie, les chiffres sont clairs : selon la dernière étude de l’AViQ, il faudrait 145 médecins supplémentaires pour répondre aux besoins actuels. Et si on anticipe les départs en retraite, il en faudrait 585 de plus dans les années à venir.
"Une des raisons de cette pénurie est la mauvaise répartition des formations entre médecins spécialistes et généralistes, explique Dominique Henrion, professeur à la Faculté de Médecine de l’Université de Namur. Ces dernières années, nous avons formé davantage de spécialistes. À cela s’ajoute une inégale répartition géographique des médecins : En 2022, seulement 20 % des médecins se sont installés dans des zones sous-dotées de Wallonie."
Plus de gardes médicales en milieu rural
Un autre frein pour les jeunes médecins, c’est la charge des gardes médicales. Ces contraintes les dissuadent de s’installer en milieu rural.
Bien souvent, Les jeunes générations de médecins ne souhaitent pas s’installer seul, mais privilégient les cabinets groupés, où plusieurs généralistes et spécialistes travaillent ensemble.
"Les jeunes générations préfèrent collaborer dans des cabinets où généralistes, spécialistes et parfois kinésithérapeutes travaillent ensemble, souligne Jean-François Gatelier, médecin généraliste. Cela leur permet de préserver une vie privée tout en partageant les responsabilités."
Les stages pour attirer les jeunes?
Pour faire face à cette pénurie, l’Université de Namur mise sur la sensibilisation dès l’enseignement secondaire, notamment à travers des stages en milieu rural.
"L’année dernière, nous avons interrogé nos 170 étudiants partant en stage sur leur volonté de se rendre en ruralité, explique Dominique Henrion. Plus de 90 % étaient favorables, mais peu l’ont fait, en cause, les problèmes pour trouver un logement et les déplacements."
"Certains patients hésitent à confier leurs problèmes de santé à un stagiaire, admet Jean-François Gatelier. Mais il est essentiel de former les futurs généralistes en leur offrant des expériences sur le terrain. Cela dit, les stages ne compenseront pas immédiatement le manque de médecins."