Officiellement il s'appelle Philippe Mignon mais son nom et prénom d'origine sont: Pradeep Wasantha, et il est né au Sri Lanka. A l'âge de quatre mois, il quitte définitivement son pays pour la Belgique. Mais son adoption, comme celle de 11.000 autres sri-lankais s'est faite de manière complètement illégale.
"J'ai fait des recherches par rapport à mes documents d'adoption parce que c'est la base, c'est tout ce qu'on a: quelques feuilles de papier, confie Philippe Mignon. Des incohérences dans ces papiers m'ont laissé penser, et m'ont confirmé par après, que j'avais été adopté de manière illégale."
"Tout s'effondre, la date de naissance n'est peut-être pas la bonne ainsi qu'éventuellement mon nom et/ou le nom de ma maman. A l'époque, on s'est rendu compte qu'il y avait eu des 'passeuses'. Les mamans qui venaient sois-disant apporter leur enfant à l'adoption n'étaient pas les véritables mamans. Elles se faisaient payer pour se faire passer pour des vrais mamans..."
Un trafic de bébés
Habitant à Sambreville et père de trois enfants, Philippe Mignon s'est intéressé à son passé pour finalement découvrir qu'il a été l'une des victimes d'un vaste trafic de bébés bien organisé. Du coup, il se pose des questions, à commencer par son identité et son âge.
"Le mode opératoire était souvent le même. C'est-à-dire que les mamans accouchaient souvent seules et étaient livrées à elles-mêmes juste après l'accouchement, explique l'intéressé. Les médecins qui étaient dans les combines prenaient le bébé en charge dès la naissance en expliquant qu'ils allaient donner les premiers soins. Ils revenaient une heure après en annonçant que le bébé était décédé alors que l'enfant était parti pour le trafic de bébés."
Aujourd'hui, il parle et dénonce cette injustice. Lui, qui a été arraché des bras de sa maman biologique, a décidé de fonder une association qui se nomme "Empreintes vivantes" qui a pour but de guider et d'assister ces enfants en quelque sorte perdus.
Il ne pouvait pas reconnaître sa fille
"Certaines démarches comme se marier, l'accès aux études supérieures ou certains voyages sont un frein alors que nous n'y pouvons rien. L'exemple le plus marquant dans mon cas, c'est ma troisième fille que je n'ai pas pu reconnaître tout de suite. Je ne suis pas encore marié avec ma compagne donc j'ai dû aller évidemment à l'état civil de ma commune pour pouvoir reconnaître mon enfant et là, sur base de mon acte de naissance, on m'a dit que ce n'était pas possible", raconte-t-il.
En août prochain, il va se marier et comme une évidence, le voyage de noces se déroulera au Sri Lanka. Quelques jours de détente avant d'entamer une périlleuse recherche sur son passé, une quête de réponses à ses questions, afin de pouvoir peut-être ajouter la dernière pièce de son puzzle.