Depuis peu, l’intraring de Charleroi est passé de 50 à 30 km/h, une solution plébiscitée par les autorités communales, pas par les citoyens, pour désengorger le centre ville. Aujourd’hui, la société Touring (Touring secours) lance un pavé dans la marre en affirmant étude à l’appui qu’il s’agit d’une fausse bonne idée en terme de mobilité, d'économie, mais aussi et peut-être surtout d’environnement.
A l’heure où de plus en plus de villes instaurent les zones 30km/h, il est important de savoir que si cela est une bonne décision en terme de sécurité, cela ne s’avère pas si probant pour l’environnement ! Touring a voulu s’avoir si scientifiquement et surtout pratiquement sur le terrain, il était par exemple, plus polluant de rouler à 30 qu’à 50 km/h. Lorenzo Stefani, porte parole de Touring est convaincu du bien fondé des experts et de leurs expertises.
« Plutôt que de critiquer, nous voulons apporter des solutions. Nous appelons les autorités à faire appel à des experts et analyses scientifiques pour prendre une décision. Nous ne voulons pas que les autorités comme à Charleroi, Liège, Bruxelles ou Namur généralisent les zones 30 et les pistes cyclables sans réfléchir de manière globale. On ne peut pas délimiter un quartier et en limiter la vitesse parce que cela aura un impact au niveau environnemental, économique et social »
Etude à l’appui
Touring plaide donc pour une solution concertée on l'a compris mais aussi pour la généralisation des voitures hybrides et des plug-in hybrides. Il est dommage que profitant de la crise de la covid-19 et pour justifier des mesures sanitaires de distanciations sociales, les autorités privilégient la voiture et le vélo aux transports en commun.
Selon une étude récente du Pr. Luc Claessens de l’Ecole Thomas More de Malines, intitulée "La consommation de carburant et les émissions de CO2 lors de l'accélération des véhicules à essence », il est désormais démontré que lorsqu’il faut faire avancer la voiture sur quelques mètres (au pas en ville), celle-ci pollue plus à 30 qu’à 50km/h.
« Lorsque l’on parle de la zone 30, la généraliser est une mauvaise décision dans la mesure où l'on peut prouver que selon les endroits, les voitures vont polluer plus à 30 qu’à 50km/h. Cela va aussi provoquer des embouteillages et surtout ces décisions doivent être prises en parallèle d’investissements en infrastructure. Ce qui pose problème c’est le redémarrage constant de la voiture en zone 30, c’est ça qui pollue ! »
Touring plaide pour des ondes vertes
Touring plaide pour l'adoption massive des "ondes vertes", soit la régulation des feux de signalisation en fonction du trafic. En 2010, Touring avait déjà mis sur pied des campagnes de comptages et mesures du trafic à Bruxelles. Résultat: des émissions CO2 qui triplent si les véhicules sont bloqués dans des files générées par des feux de signalisation non synchronisés.
« Donc nous demandons plus de bon sens de la part des autorités. Nous leur demandons aussi de faire appel aux expertises scientifiques et enfin de prendre les décisions au bon moment et pour tous les usagers de la route. »
A Charleroi, la sécurité d'abord, l'environnement ensuite
Pour Xavier Desgain, la décision prise à Charleroi ne risque pas d'être remise en question, chacun ses arguments.
"Il y a des études qui sont connues depuis longtemps qui montrent que dans un cycle urbain, les voitures polluent plus que sur autoroutes. Mais en fait aujourd'hui en centre ville la vitesse moyenne n'est déjà pas 50km/h, la vitesse moyenne est entre 24 et 26 km/h. Comparer la différence entre 50 et 30, n'est donc pas très opérant par rapport à ça. L'objectif ici est avant tout de sécuriser la circulation des piétons et des cyclistes. Nous allons aussi aménager les entrées de ville pour que les gens des quartiers les plus proches du centre puissent venir à pied ou à vélo. Et c'est là que l'environnement sera gagnant."
75 000 personnes vivent autour du centre ville dans un rayon de 3 km, c'est finalement à ceux-là que s'adressent les aménagements actuels. De plus, les aménagements ne vont pas s'arrêter au centre ville.
"On va être attentifs aux endroits où les gens roulent à plus de 30 km/h et où c'est une source d'insécurité. Les habitants nous indiquent que dans tel tronçon de rue les gens nous signalent que les voitures roulent trop vite et là nous mettrons des aménagements en place. Cela se fera en fonction du retour des usagers et des riverains."
Ces mesures ne sont pas, non plus, contradictoires avec l'ensemble des dispositifs mis en place pour améliorer l'environnement de la métropole, selon Xavier Desgain.
"Pendant le confinement, nous avons constaté que beaucoup de Carolo avaient repris leurs vélos et/ou se sont déplacés à pied dans leurs quartiers, nous aimerions que cela continue"
