La quarantaine de pisciculteurs wallons, qui produisent généralement 250 tonnes de poissons par an, dont 80 % de truites, ne savent plus quoi faire de ces salmonidés, tant ils sont nombreux dans leurs étangs d’élevage. Une situation problématique, pour Alain Schonbrodt, le président des aquaculteurs wallons.
Des pertes jusqu’à 80 %
« On peut considérer que 30 à 35 des 40 pisciculteurs wallons subissent des pertes, qui vont jusqu’à 80 % depuis le début du confinement. En effet, ils travaillent essentiellement avec la pêche et l’Horeca, deux secteurs qui sont pour le moment en stand-by », indique Alain Schonbrodt.
Selon Claude Yernault, un pisciculteur installé à Chapelle-lez-Herlaimont et qui vend généralement entre 20 et 25 tonnes de truites entre la mi-mars et la mi-avril, la saison sera fichue, si la situation actuelle se perdure.
« Depuis un mois, je n’ai vendu que 10 tonnes de truites, une première depuis que je suis installé. Les clients se font rares et si cela continue, les pertes seront colossales. Mes truites sont en grande majorité livrées dans les étangs, qui sont actuellement fermés. Heureusement que ce n’est pas le cas aux Pays-Bas, où je peux encore aller approvisionner quelques clients, car les frais de nourriture pour les poissons et le coût de l’électricité pour les entretenir, continuent eux de tomber », nous dit Claude Yernault.
Les particuliers sont invités à venir acheter chez les pisciculteurs
Une situation inédite donc pour le secteur, qui appelle les particuliers à venir acheter les truites directement chez les pisciculteurs, des poissons qui seront cette année, d’un autre calibre que les années précédentes.
« Effectivement, les truites pèsent en moyenne entre 200 et 300 grammes. Mais cette saison, leur calibre avoisine les 500 grammes, puisque nous devons continuer de les nourrir tous les trois jours », ajoute Claude Yernault.
Déverser les truites dans les rivières ? « C’est une mauvaise idée »
La sécheresse reste un problème majeur en ce moment et donc, déverser les truites dans les rivières pourrait provoquer une surpopulation piscicole.
« En effet, ce n’est pas une bonne idée, car il y a très peu d’eau dans les rivières actuellement. Cela risque même d’engendrer des problèmes sanitaires », conclut Alain Schonbrodt, le président des aquaculteurs wallons.
Et pour rappel, la pêche reste toujours interdite pour le moment à la suite d’une décision prise par le conseil national de sécurité, qui se réunira vendredi et qui pourrait à nouveau autoriser la pêche en étang et en rivière.