Pour les maraichers cela tourne à l’aigre. Dans le fameux plan de déconfinement présenté vendredi par le Conseil National de Sécurité, ils se sentent les grands absents du tableau prévisionnel établi. Au Marché vespéral, un grossiste en fruits légumes, nous confirme qu'il s ont perdu toute une tranche de leur clientèle dans l'horéca et les maraîchers.
Et ce n’est pas Aurélio Valent qui nous démentira. Son camion et son surnom " Lello " sont loin d’être inconnus des amateurs de gastronomie et charcuterie italiennes. Tous les mardis, jeudis et samedis, depuis 23 ans, il est là fidèle au poste et au marché de la ville basse. Les localisations ont bon changé de lieux ou de noms, il est toujours là.
La douche froide
Et le 18 mars ça a été le coup de massue
« On le sentait venir néanmoins depuis un petit temps , j’avais d’ailleurs fait moins de commandes que d’habitude mais du jour au lendemain, ça a été fini »
A coté de Charleroi Ville basse, Lello faisait aussi les marchés à Jumet Gohyssart et à Fontaine-L’Evêque…Bref du jour au lendemain, il s’est retrouvé sans revenu. Alors aujourd’hui quand on parle de plan de déconfinement, il espérait revoir un peu la vie en rose. Mais que nenni et il ne comprend pas!.
« on va rouvrir les magasins le 11 mai , en ce qui concerne les marché on est dans l’inconnue totale. On peut aussi instaurer des règles de distanciation, faire en sorte que les gens soient placés dans des files et que cela se passe de façon disciplinée, d’autant que nous,nous sommes en plein air. «
Un marché n’est pas l’autre !
Il reconnait que les situations sont parfois très différentes
« si vous prenez le marché du midi à Bruxelles, c’est la cohue , c’est vrai ! Je peux comprendre que pour le marché du dimanche à la Ville Haute ce soit plus compliqué. Mais sur la Place Verte , les années de travaux que nous avons subies, ont en fait établi indirectement les règles de distanciation « ajoute-t-il avec humour.
On se sent oublié et négligé. Heureusement, comme indépendant j'ai recevoir les 5000 euros d’aide prévus et la banque a accepté de différer le remboursement de mon camion. Mais il n’empêche nous nous sommes retrouvés à 4 sans travail du jour au lendemain. "
Depuis 2 semaines et voyant que la situation n’est pas prête à s’améliorer, ils ont décidé de refaire des livraisons « dans les limites autorisées pour ne pas perdre les aides octroyées » .
« Ca n’arrange pas trop ma femme, dit-il ,car depuis elle n’arrête plus de turbiner et de préparer de bons petits plats pour nos clients « . On espère que l’on va pouvoir revenir à la normale, peut-être le 8 juin si c’est la date qui voit aussi reprendre l’horéca »
Et sans l’entendre , on devine madame pousser un « ouf » d’espoir à moins que ce ne soit de soupir.