Depuis peu, la santé financière des magasins Brantano a été mise en lumière, mais cette situation n'est visiblement pas neuve pour les travailleurs qui ont de longue date dénoncé la politique d'investissement de leur actionnaire principal. Aujourd'hui, ce sont pourtant ces mêmes travailleurs qui se retrouvent sur le carreau à cause d'une gestion désastreuse qui s'est conclue par une faillite ce lundi. Les travailleurs ont donc décidé de passer à l'action à Namur ce matin. Dans notre région trois magasins sont concernés et seront définitivement fermés jusqu'à nouvel ordre.
Le tribunal de l’entreprise d’Anvers, division Malines, a prononcé lundi la faillite de nombreuses filiales du groupe FNG, parmi lesquelles Brantano, CKS et Fred&Ginger. Sans surprise mais avec beaucoup de colère, les travailleurs de Brantano ont donc appris la reconnaissance de la faillite de leur entreprise suite à la décision du tribunal de l’entreprise de Malines.
Brantano, portes closes
Depuis samedi, la plupart des travailleurs sont en grève refusant de travailler gratuitement, les comptes de l’entreprise ayant été bloqués par les banques. Cela se fait dans des conditions émotionnellement difficiles puisqu’ils savent qu’ils perdent leur emploi.
Les conditions qui ont mené à cette faillite la rendent inacceptable. Les travailleurs n’en subiront pas les conséquences sans réagir. La politique des fondateurs de FNG, par ailleurs principaux actionnaires, avait été plusieurs fois dénoncé par les travailleurs comme financière plutôt que commerciale. Mués par la folie des grandeurs, les administrateurs ont racheté une nouvelle entreprise à prix d’or quasiment tous les ans depuis la création du groupe en 2003, creusant l’endettement du groupe alors que le projet commercial global des entités ne tenait pas la route.
De manière assez surprenante, des banques ont accordé des prêts alors que la situation économique était totalement illisible vu la complexité de la structure et que les résultats n’étaient pas au rendez-vous.
A cela s’ajoute, l’alerte de la FSMA, l’autorité de contrôle des marchés financiers, par rapport à des transactions douteuses pour lesquelles elle n’a toujours pas reçu de clarifications et pour lesquelles, le 8 juillet, elle a transféré le dossier à la justice.
1 400 travailleurs perdent leur emploi
Choquant, les fondateurs incriminés sont toujours actionnaires de la seule entité qui a de bons résultats, l’entreprise Ellos, la plate-forme suédoise de vente de décoration d’intérieur. Elle a été rachetée en juillet 2019 grâce à un emprunt de 140 millions qui a contribué à accroître l’endettement. La faillite permet d’effacer l’ardoise de toutes les dettes et des indemnités de licenciement des 1.400 travailleurs en Belgique.
Une action était prévue ce matin à 10h devant le magasin Brantano de Champion, à Namur pour dénoncer l’inacceptable et exiger une enquête approfondie. A Charleroi, trois magasins sont concernés, celui de Charleroi à la rue de la persévérance à Montignies-sur-sambre, celui de Gozée et celui de la Chaussée de Mons à Anderlues.