Le prochain Conseil National de Sécurité qui se réunira le 3 juin pour fixer officiellement la phase 3 du déconfinement, devrait notamment annoncer une permission de réouverture pour le secteur Horeca dès le 8 juin. Si de nombreux exploitants vont rouvrir les portes de leur bar, taverne ou restaurant, ils sont cependant inquiets au sujet de la rentabilité de leurs établissements. Les clients répondront-ils présents malgré toutes les mesures de sécurité qui seront prises ? Selon une enquête du Syndicat Neutre pour Indépendants (le SNI) auprès de 950 gérants de l’Horeca, ils s'attendent à atteindre environ un tiers des niveaux d'avant la crise. Or, la grande majorité des exploitant affirme qu'ils ont besoin des ¾ de leur clientèle pour être rentables.
Suite à ces prévisions alarmantes, le SNI demande d’un côté aux villes et aux communes de donner aux exploitants la possibilité de mettre des tables et des chaises à l'extérieur et, de l’autre, au Conseil National de Sécurité de communiquer clairement comment consommer en toute sécurité. « Il est temps de dire aux consommateurs qu’ils peuvent sortir de chez eux en toute sécurité pour manger ou boire quelque chose », ajoute le SNI.
Rouvrir pour rembourser les dettes en cours
La crise du coronavirus a porté un coup dur à l’horeca. Selon l’enquête du SNI, la moitié des entrepreneurs craint de se retrouver en très grandes difficultés et de devoir licencier du personnel. 25 % d'entre eux se rendent compte qu'ils vont faire faillite. Même si les entrepreneurs réalisent que la réouverture ne sera pas forcément rentable, les trois quarts le feront, principalement parce qu'ils ont besoin de liquidités pour payer les frais de fonctionnement tels que les factures (énergétiques) et le loyer. L'enquête montre également qu'environ un quart des personnes interrogées ne souhaite pas rouvrir. Ils ont fait leurs comptes et, pour eux, il ne sera pas rentable de redémarrer. Il s'agit principalement de petites entreprises, dans lesquelles il est difficile de garder une distance sociale ou de celles qui ont besoin de trop de personnel, de sorte que les coûts de main-d'œuvre seraient trop importants par rapport aux revenus.
Et il faudra plus de personnel
60 % des exploitants ayant du personnel disent qu'ils recommenceront avec plus de la moitié de leurs employés. « Ce n'est pas surprenant », explique Christine Mattheeuws, la présidente du SNI. « La majorité n’a que quelques employés qui occupent tous des postes différents. Qu'il y ait beaucoup ou peu de clients, un cuisinier, un serveur, un plongeur sont toujours nécessaires », ajoute-t-elle.
La sécurité doit être garantie
Les responsables Horeca sont bien sûr conscients de l'absolue nécessité de garantir la sécurité de chacun. Le respect des 4 personnes par table, le port de masques et de gants par le personnel, la désinfection du mobilier entre les clients, l'interdiction du libre-service ou la mise à disposition de consommables jetables (sucre, sel, poivre...) sur les tables sont faciles à mettre en œuvre. Cependant, il en sera probablement autrement pour le plexiglas ou les distances de sécurité de 1,5 m entre les tables, surtout dans les petits espaces.
Pour beaucoup d'entre eux, cette crise a également été un signe d'innovation. En effet, plus des 2/3 d'entre eux expliquent qu'ils adoptent une approche différente pour la gestion de leur établissement. Beaucoup ont essayé le takeaway et la livraison pendant le confinement. Aujourd'hui, ils prévoient de le développer davantage. Le SNI demande également que les mesures de sécurité soient quelque peu différentes entre les cafés et les restaurants. « S'il est possible de garder une certaine distance, on devrait pouvoir s'asseoir au comptoir ou être debout dans un café », explique encore Christine Mattheeuws. « Par ailleurs, dans les cafés, il y a davantage de fumeurs que dans les restaurants. Il faut donner la possibilité pour ceux qui le souhaitent de pouvoir aller fumer à l'extérieur, bien entendu sans déranger les autres et en gardant la distanciation sociale, et puis de pouvoir rentrer à nouveau ».
Une indemnité journalière
Afin d'aider le secteur à surmonter la crise et à limiter le choc social, le SNI réitère ses demandes de nouvelles mesures de soutien, notamment une réduction de la TVA et des cotisations de sécurité sociale, la déductibilité de frais de restaurants et l'exonération de certaines taxes, notamment sur les terrasses. « Nous demandons par ailleurs à nouveau aux gouvernements wallon et bruxellois une indemnité journalière pour les établissements qui ne pourraient ou ne voudraient pas rouvrir ».