Les travailleurs du sexe et leurs clients devront respecter certaines mesures d’hygiène strictes pour l’exercice de leur profession. Le port du masque deviendra obligatoire et des draps jetables devront être utilisés. Un protocole sanitaire a été validé hier par le Ministre des indépendants et de l’Intégration sociale, Denis Ducarme.
« Comme pour tous les secteurs, je tiens à veiller en tant que ministre qu’il y ait des garanties qui visent à assurer la sécurité et la santé de chacun. Ça vaut pour tout le monde, et également pour le secteur lié aux travailleurs du sexe. Avec Erika Vlieghe (virologue et présidente du GEES), qui a longtemps travaillé à la lutte contre le Sida, nous avons eu de nombreuses réunions afin qu’elle puisse mettre en place ce protocole et qu’il puisse être validé par le gouvernement assez rapidement. » Explique Denis Ducarme.
L’hygiène est extrêmement importante pour les travailleurs du sexe au vu du contact physique inévitable. Dans les lieux où se déroulent les rapports sexuels, des draps jetables devront être utilisés. En ce qui concerne le couvre-matelas, il est demandé de le changer systématiquement et de laver les draps à 60 degrés, ou d’utiliser des draps en polyuréthane et de les désinfecter après chaque rapport sexuel. Le contact de bouche-à-bouche est interdit et, par conséquent, un masque jetable ou en tissu doit être porté par le travailleur du sexe et le client. Une exception est faite pour les relations sexuelles orales. Dans ce cas, l’utilisation d’un préservatif ou d’une digue dentaire est recommandée. À cela s’ajoute naturellement les règles d’hygiène de base et la désinfection systématique des mains. Dans la mesure du possible, il est également demandé de prendre une douche avant chaque rapport, tant pour le travailleur du sexe que le client.
Il était important de clarifier les règles pour ces travailleurs qui durant la crise ont perdu leurs revenus sans pouvoir recevoir une indemnisation. La plupart n’ont pas accès aux droits passerelles pour des soucis de déclaration. Ce protocole évite donc que certains reprennent le travail de manière risquée.
Un statut pour mieux protéger les travailleurs du sexe
L’adoption de ce protocole est aussi l’occasion pour Denis Ducarme de rappeler qu’encore aujourd’hui, beaucoup de travailleurs du sexe sont victimes de réseaux criminels et de la traite des êtres humains.
« Soit on continue à faire comme si de rien n’était, comme si ça n’existait pas, comme s’il n’y avait pas de réseaux criminels soit on prend des mesures. Ce statut aujourd’hui, il n’est pas protégé, parce qu’il n’existe pas ! Je pense que dans le prochain gouvernement (de plein exercice) on devra réfléchir à un statut, plutôt que de les laisser souvent très seuls devant des criminels. »
Ce statut existe déjà dans d’autres pays européens. Le protocole est disponible sur le site de l’UTSOPI.
>> Revoyez l’interview de Martine Di Marino la coordinatrice de l’ASBL « Entre 2 Wallonie »