La société Delphi Genetics, à Gosselies, pourrait participer au développement d'un médicament anti-viral pour lutter contre le coronavirus. Le consortium européen dont fait partie l’entreprise gosselienne de biotechnologie, doit rentrer un dossier auprès de la Commission européenne pour financer ces recherches. Ils seront déposés mardi prochain.
Delphi Genetics est installée dans le Biopark de Gosselies. Depuis quelques années maintenant , elle travaille à la production d’ADN pour les thérapies géniques (les thérapies qui corrigent les anomalies génétiques dans les cellules). Mais elle ne fait pas que produire, elle participe aussi à des programmes de recherche. Et c’est dans ce cadre, qu’avec un consortium européen dont la société leader se situe en Espagne, elle expérimente des méthodes pour le ciblage du cancer du Pancréas. Le contexte actuel de Pandémie a fait bouillonner les esprits scientifiques, ils ont décidé de se pencher aussi sur le Covid-19.
Un Appel d’offre Européen qui rend tout possible
« Nous nous sommes rendu compte que les principes et méthodes que nous développions pour lutter contre le cancer du Pancréas pouvaient être modifiées pour développer un médicament anti-viral. Il se peut que par une sorte d’effet secondaire, nous aboutissions aussi à une vaccination mais ce n’est pas l’effet recherché. Donc, nous utiliserions des acides nucléiques (l’ARN, l’autre acide nucléique étant l’ADN) que nous introduirions dans les cellules des poumons, où elles produiraient certaines fonctions afin de stopper le virus. Nous utiliserions la méthode du virus, contre lui ».
Cette option pourrait permettre d’éviter le développement de la maladie à un stade plus sévère et ainsi réduire son pouvoir de contagion. Autre effet possible, la stimulation du système immunitaire du patient et la création d’un début de vaccination.
« Le principe du virus est assez simple, c’est un fragment d’ARN, de l’acide nucléique (des molécules complexes présentes dans les cellules), il entre dans la cellule et va donner l’ordre à celles-ci de produire du virus, en injectant son acide nucléique. Nous pensons utiliser ce même principe pour stopper la production du virus.»
Un vaccin dans 6 à 12 mois ?
« La construction d’une molécule génétique peut être relativement rapide. La plus grande difficulté de ce type de traitement une fois inoculé, ce sont les effets secondaires. Nous ne pouvons pas nous permettre, même dans le cas d’une pandémie, d’injecter de nouveaux médicaments sans connaitre leurs effets. Ce serait prendre un risque supplémentaire pour le patient. »
On l’aura compris l’entreprise gosselienne s’occupera de la production d’ARN pour ce futur médicament et elle est prête, comme ses partenaires, à relever le défi rapidement. Encore faut-il pour cela avoir l’argent nécessaire.
« Au sein du consortium nous avons lancé l’idée en début de semaine, nous sommes fin de semaine et nous sommes quasi prêts avec nos partenaires, complémentaires et compétents. Nous nous adressons à la presse pour trouver encore d’autres candidats. »
Toutes les bonnes volontés sont bienvenues. Mardi prochain, le projet déposé dans les mains de l’Union européenne. Il se peut qu’il ne soit pas accepté, cela retarderait les recherches mais le consortium ne s’avouerait pas vaincu pour autant. De plus, l’Union européenne est-elle prête à prendre ce risque.
Charleroi dispose d’autres ressources
Grâce à la mise en place du Biopark, il y a de cela 20 ans, Charleroi dispose également d’autres ressources et il y fourmille de collaborations potentielles.
« Dans le cadre du présent projet rien n’a été prévu encore avec ces sociétés (du Biopark), mais elles sont également actives dans des domaines similaires. Il y a également d’autres initiatives comme celle de Coris bioconcept à Gembloux, et ses fameux diagnostic en 15 minutes.»
Toutes les collaborations envisageables vont seulement se mettre en place et c’est aussi grâce au développement plus large en wallonie de ce tissu de biotechnologie qu’elles sont aujourd’hui possible.
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