Cette année, le logement social belge a 100 ans. L’occasion d’en découvrir plus sur l’histoire de la Sambrienne, la société d’habitations sociales carolo. Après un reportage sur les débuts, nous nous somme intéressés à deux grands événement du logement public carolo. Tout d’abord, les fusions de sociétés qui ont émaillé les années 1990 à 2013. On est en fait passé de quinze sociétés d’habitations sociales à une seule, la Sambrienne. Une évolution qui a toutefois été boostée par un véritable séisme, les affaires de Charleroi, qui ont débuté avec l’affaire de la Carolorégienne, une époque chahutée.
Depuis la fin des années 90, les premières fusions de sociétés d’habitations sociales
On en parlait depuis la fin des années 90. Après les grandes phases de construction des années 20 et 60, pour évoluer, le logement social allait devoir s’orienter vers des fusions de sociétés. Il y en avait dans quasiment toutes les anciennes communes. Ca faisait trop pour rester efficace au 20e siècle. Rien qu’à Charleroi, il n’y en avait pas moins de quinze. Un nombre qui s’est réduit au fil des années pour en arriver à cinq: Versant Est, le Val d'Heure, le Logis moderne, le Foyer marcinellois et la Carolorégienne.
L’affaire de la Carolo, le début du séisme des affaires carolos
C’est de la Carolo que le séisme arrive. En 2005, Olivier Chastel révèle un audit de la Société Wallonne du Logement qui révèle de graves dysfonctionnements dans la gestion de la Carolorégienne. Les procédures ne sont pas respectées. Il y a des passe-droits, des malversations financières, des personnes qui bénéficient d’un logement social alors qu’ils n’y ont pas droit,…
A justice va aller de surprise en surprise. Au départ de l’affaire de la Carolo, elle ‘tire sur le fil et détricote le pull’’ des affaires carololos avec leurs arrestations de politiques et leurs procès. Un séisme que personne n’attendait. Et qui était d’autant plus choquant qu’il avait été révélé par des malversations dans une société d’habitations sociales.
« C’était un peu Robin des Bois à l’envers, se souvient le journaliste indépendant carolo Didier Albin. C’étaient les riches qui volaient aux pauvres pour donner aux riches. On ne s’imaginait pas que ça pouvait se passer comme ça. »
Les affaires ont accéléré le processus de fusion
Malgré le séisme qu’elle a provoqué, l’affaire de la Carolo a quand même eu aussi des conséquences positives. Elle a accéléré la fusion des sociétés d’habitations sociales de Charleroi. En 2013, les cinq grosses sociétés de logements publics carolos fusionnent sous un nouveau nom: la Sambrienne.
« Les cinq sociétés mettent leurs actifs immobiliers et leurs personnels ensembles, ajoute Didier Albin. Ce sera tout un travail de procédures et de modernisation pour avoir des garde-fous et éviter qu’on ne re-bascule dans les dérives du passé. »
« Cette fusion, elle s’est faite dans l’urgence et dans la douleur. On a du réagir très vite sans prendre autant de temps de préparation qu’on l’espérait, complète Fadel Azzouzi, le directeur gérant de la Sambrienne. L’avantage de la Sambrienne, c’est de pouvoir regrouper des financements qui étaient éparpillés pour rénover des ensembles immobiliers comme on n’aurait pas pu le faire sans la fusion. »
Et depuis 2013, la Sambrienne a construit 400 nouveaux logements, en a vendu 400 autres et en a rénové plus de 2000. Et elle est passée de 3 à plus de 4 000 locataires, devant ainsi la première grosse société d’habitations sociales fusionnée de Wallonie.
Vincent Boquet
Revoir notre reportage sur les débuts du logement social à Charleroi