La marche mondiale des survivantes de la prositution, fait escale à Sambreville aujourd'hui et à Charleroi vendredi. Emmenée par Rosen Hicher, une ancienne prostituée, cette marche a pour objectif de sensibiliser à la réalité de la prostitution et ses liens avec la traite. Mais le groupe des survivantes milite aussi pour faire reconnaitre la prostitution comme violence et obstacle à l’égalité homme-femme. La marche était ce matin au parlement wallon à Namur, elle a pris ensuite la direction de Sambreville.
Partie le 25 mars du Parvis du conseil de l'Europe à Strasbourg, la marche des survivantes de la prostitution traverse depuis quelques jours la wallonie. Elle était ce matin à Namur au parlement wallon pour porter ses revendications auprès d'un gouvernement wallon dont la politique en la matière est plus en faveur d'une régulation que d'une interdiction.
"je devais y rester un mois, je suis restée 22 ans"
Mais cette marche, c'est avant tout l'histoire d'une femme Rosen Hicher. En 1988, elle se lance dans la prostitution suite à une perte d'emploi, une séparation difficile et à la phobie de se retrouver sans un sou. "Et puis je devais y rester trois semaines, un mois, je suis restée 22 ans. J'ai divorcé, je me suis remariée tout en étant prostituée. Mon ex-mari était médecin, je ne manquais donc pas de moyen. Et puis en 1999, j'ai eu l'impression de vivre au-dessus de mon corps dans une bulle. Je me suis dis qu'il se passait un évènement bizarre". Rosen Hicher est victime d'amnésie traumatique et suite à son entrée dans la prostitution c'est tout son passé fait d'enlèvement, de viol et d'initiation à la prostitution qui finit par la rattraper. Elle n'est pas devenue une prostituée par hasard.
Pour ne pas laisser les autres tomber dedans
Une fois sortie de la prostitution Rosen Hicher va fonder le mouvement des survivantes de la prostitution. Elle milite au quotidien pour la reconnaissance de la prostitution comme violence. Pour ne pas laisser les autres tomber dedans. Ce combat, elle le mène en marchant, elle a déjà parcouru trois fois la France et l'Allemagne. Son crédo est de mettre un terme à la prostitution en imitant le système nordique qui punit les clients. Rosen Hicher est d'ailleurs très choquée par ce qu'il se passe en Belgique et en Wallonie, notamment par ces vitrines qui exposent des femmes comme des marchandises, des bouts de viande. Des femmes qui ne savent pas encore à quel point sans doute, elles sont les victimes d'un système.
La marche était ce matin à Namur pour porter ses revendications auprès de la députée socialiste Eliane Tillieuw, elle a ensuite pris la direction de Sambreville en longeant la Sambre. Vendredi, ces femmes viendront à Charleroi, place de la Digue, point de départ d'une nouvelle étape vers la Louvière. Cette marche s’achèvera le 14 avril à Bruxelles.