En Wallonie, l'interdiction progressive de circulation des véhicules les plus polluants devrait finalement être remplacée par des mesures ciblées sur les grandes villes. C'est en tout cas ce que proposera "très prochainement" au gouvernement la ministre régionale de l'Environnement, Céline Tellier.
Pour la ministre, les résultats de l'étude menée entre 2019 et 2023 par l'ISSeP, l'institut scientifique de service public, sont clairs: cette interdiction, élaborée par son prédécesseur Carlo Di Antonio (Les Engagés) et promulguée en janvier 2019, ne se justifie pas d'un point de vue environnemental, a-t-elle expliqué mardi en commission du parlement wallon.
Une première étude, réalisée en 2019 par l'ISSeP au sein de deux communes du territoire - Namur et Eupen - démontrait déjà que l'adoption d'une Zone de basses émissions était pertinente pour la première mais pas pour la seconde, en raison de la taille de l'agglomération.
Une analyse confirmée par les résultats de l'Étude Dynamique Intelligente du Trafic (EDIT), remis en décembre dernier par l'ISSeP à la ministre. Selon cette enquête, les dépassements des valeurs limites européennes sont très localisés, à l'échelle de rues spécifiques. La mise en place d'une Zone de basses émissions apparaît par ailleurs plus pertinente à l'échelle des grandes villes (Liège, Charleroi, Namur, Mons...).
"À la lumière des résultats de ces travaux, l'interdiction progressive de circuler sur l'ensemble du territoire wallon apparait aujourd'hui comme une mesure disproportionnée, difficilement applicable à l'échelle d'un territoire aussi vaste et divers que la Wallonie, et surtout peu efficace pour améliorer réellement la qualité de l'air", a justifié Céline Tellier.
D'autant que le dernier rapport de la Cellule Interrégionale de l'Environnement (CELINE) montre une amélioration de la qualité de l'air en Wallonie sur le long terme, a-t-elle ajouté.
"L'interdiction progressive de circuler sur tout le territoire wallon, sans tenir compte de cette distinction entre zone urbaine et zone rurale, m'apparait comme une mauvaise solution pour adresser un problème essentiel: celui de la qualité de l'air. Ce problème subsiste et il est crucial de s'en occuper, en concentrant nos moyens d'action sur les grands centres urbains, là où cette qualité de l'air doit être encore améliorée", a poursuivi la ministre face aux parlementaires.
Dans ce cadre, cette dernière proposera au gouvernement, "dans les toutes prochaines semaines", un avant-projet de décret modificatif et un dispositif de soutien financier aux grandes villes wallonnes par droit de tirage. "Les précisions sur ce dispositif seront communiquées dans la foulée. Mon seul objectif est que nous puissions toutes et tous vivre dans un environnement sain en déployant des mesures efficaces, pertinentes et justes socialement", a conclu Céline Tellier.
Initialement annoncée pour 2023, la Zone de basse émission généralisée devait entrer en vigueur le 1er janvier 2025 au sud du pays. Elle prévoyait dans un premier temps une interdiction de circuler pour les véhicules sans Euronorme et Euronorme 1, 2 et 3, soit 17.500 véhicules (0,84%). Ces derniers auraient ensuite été progressivement rejoints par toute une série de véhicules polluants.