Selon une enquête de la fédération des cinémas de Belgique, la FCB, le cinéma arrive en deuxième position dans la liste de souhaits des belges après le confinement. Pourtant, pour entrer dans les salles et s’asseoir devant un écran, il faudra encore attendre jusqu’au 1er juillet. Les exploitants ne sont pas étonnés de cette décision et une réouverture anticipée serait de toute façon un non-sens.
Le Caméo à Tamines est dans la tourmente depuis le début du confinement. Sans subsides il doit néanmoins faire face à des frais fixes. La Fabrique d’Eglise propriétaire du bâtiment a accepté de ne pas demander de loyers jusqu’ à la reprise de l’activité, les sommes impayées seront versées ensuite selon un plan d’étalement. Mais par contre le fournisseur d’électricité Luminus se montre beaucoup moins intransigeant.
48 personnes par salle
Le cinéma taminois a pu compter sur la solidarité de ses fidèles spectateurs, ils ont réussi à récolter quelques 3 000 euros pour venir en aide à Vivian Audag, l’exploitant.
« L’ouverture est prévue à partir du premier juillet, mais on ne sait pas encore comment ça va se passer. Ce serait maximum 200 personnes par salle avec un mètre cinquante de distance, donc on a fait nos calculs ce serait 48 personnes plus ou moins. »
Toutefois, comment accueillir une famille de 5 personnes par exemple, en groupe ou séparé aussi d’un mètre 50 ? comment organiser la circulation dans le cinéma pour ne pas que les gens se croisent ? Pourra-t-on leur vendre des pop corn ? Autant de questions qui restent pour l’instant en suspens.
Autre souci, les films ! Les distributeurs en panne de salle de cinéma ces derniers mois, ont reporté leurs grosses sorties au 22 juillet, comme le tant attendu « Tenet » de Christopher Nolan et Mulan 2 de Disney.
« Nous allons devoir nous organiser, voir aussi ce que nous allons passer comme film, ce que les gens auront envie de voir, parce que avant le 22 juillet on n’aura rien de nouveau. Nous allons à mon avis faire des rétrospectives, passer des anciens films. Nous ferons un petit sondage auprès de nos clients. Il faudra voir aussi si ce n’est pas une réouverture qui va coûter cher en produits désinfectants et en masques et si c’est rentable »
Les premières semaines du confinement, Vivian s’est occupé à nettoyer les salles, a fait quelques travaux. Cela n’a pas été facile et il était assez déprimant de devoir entretenir un projecteur qui ne tourne plus. Une réouverture ferait donc du bien au moral avant tout.
Petite ou grande salle, même dilemme
Au cinéma Pathé à Charleroi, aussi, Laurent Lomba, le directeur d’exploitation est sur les starting block. Il sait que dans les 15 salles du complexe, il va falloir sacrifier une rangée sur deux, mais avec une structure telle que celle-là, on peut mieux amortir le choc.
« Certaines salles pourront accueillir 180 personnes, d’autres 35, mais nous pourrons projeter le même film dans plusieurs salles. Entre les rangées nous pourrons aussi intercaler une ou deux personnes supplémentaires, tant que nous ne dépassons pas les 200 personnes. Ces conditions nous les connaissons depuis longtemps donc nous sommes prêts. C’est la FCB qui a négocié avec les experts du GEES un protocole de sécurisation semblable à celui des supermarchés »
Durant trois mois, chez Pathé comme ailleurs, il n’y a pas eu un euro de rentrée et l’ensemble du personnel est en chômage temporaire. Pour Laurent Lomba, aussi la reprise sera lente parce que tous les distributeurs ont retiré leurs films de l’affiche, nous devons attendre qu’ils replacent leurs films dans le line up
« Cette réouverture au premier juillet, nous parait logique, nous avions au départ négocié pour une ouverture mi-juin ! mais objectivement Juillet est plus intéressant. Nous dépendons des sorties américaines et françaises et sans eux, nous sommes de toute façon coincés. »
Mais le directeur d’exploitation de Charleroi est confiant, selon une étude de la FCB, réalisée il y a un mois, le cinéma est en deuxième position dans les activités que les belges vont privilégier après le confinement, juste derrière l'horeca. Le Pathé s’attend donc à voir revenir du monde en force, surtout les jeunes.
Le cinéma espère aussi se refaire une santé sur les ventes de sucreries et de boissons dont les carolos sont extrêmement friands, il faudra juste s’habituer au pré-emballé !