Lundi, le conseil communal de Charleroi a approuvé à l’unanimité une motion de solidarité avec les travailleuses et travailleurs de Delhaize. Cette motion est l’occasion pour le collège et les conseillers d’apporter leur soutien à leur niveau, malgré quelques désaccords.
Depuis 7 semaines, les Delhaiziens et Delhaiziennes se battent pour assurer leur avenir et leurs droits. Pour rappel, le groupe Delhaize a l’intention de franchiser l’ensemble de ses 128 magasins. Les risques selon les travailleurs sont : des baisses de salaires, des horaires différents notamment le week-end, davantage de pression … Lundi encore, le nouveau conseil d'entreprise n'a rien donné selon les syndicats, la direction n’est pas prête à aborder le sujet.
En présence de travailleurs et syndicats dans le public, le conseil communal de Charleroi a donc approuvé à l’unanimité une motion de solidarité avec les travailleuses et travailleurs de Delhaize, proposée par le PTB et le PS.
« Malgré 2,5 milliards d’euros de profit en 2022, Delhaize recherche encore plus de bénéfices et veut franchiser ses magasins. 1200 travailleurs craignent une détérioration de leurs conditions de travail. Ces derniers résistent depuis 7 semaines. Mais leur combat, c’est notre combat : le secteur, et d’autres, pourraient emboîter le pas de la franchise. Aujourd’hui, cette motion permet, à nous politique, de notamment demander à la direction de revenir sur leur décision », indique Pauline Boninsegna, conseillère et cheffe de groupe PTB.
« Nous avons également déposé une motion de soutien. La situation est grave chez Delhaize, je félicite les travailleurs et travailleuses pour leur courage. Cette restructuration déguisée remet en cause la présence des syndicats au sein des magasins (un franchisé qui emploie moins de 50 personnes n’a plus de représentation syndicale), et ce n’est pas acceptable », ajoute Jean-Philippe Preumont, conseiller et chef de groupe PS.
Concrètement, par cette motion, le conseil communal :
- Manifeste son soutien
- Demande au gouvernement fédéral de veiller au respect du droit social et d’inciter les partenaires sociaux à se mettre autour de la table pour réformer le paysage des commissions paritaires dans le secteur
- Demande au ministre régional de l’Économie d’analyser la manière de lutter efficacement contre la mise sous franchise à marche forcée du secteur de la grande distribution
- Transmet cette motion au Gouvernement fédéral, au Gouvernement de la Wallonie et à la direction du groupe Delhaize
Approuvée, mais discutée
Défi, C+ et les conseillers indépendants ont témoigné leur accord vis-à-vis de cette motion. Du côté du MR, le chef de groupe Nicolas Tzanetatos a donné un avis tranché et parfois contraire à la motion, malgré son approbation :
« On ne peut pas être insensible à cette problématique, mais je n’ai jamais entendu des travailleurs éprouver des difficultés dans un magasin franchisé. Un transfert n’est pas censé enlever des droits aux travailleurs. On se joint aux tracas occasionnés, mais il faut calmer la situation. Si on vous fait croire que les politiques peuvent demander à un groupe privé de faire marche arrière, on vous ment ! Soyons innovants ! Si le problème c’est de travailler le dimanche, sachez qu’aujourd’hui beaucoup de personnes font leurs courses ce jour-là. Arrêtons de diaboliser la franchise ! Chacun doit gagner sa croute. Et évidemment que ça embête les syndicats, puisqu’il y en aura moins dans certains magasins… »
Le conseiller s’est attiré les foudres des travailleurs dans le public qui n’ont pas hésité à le huer :
« Antisocial ! »
« Personne n’est d’accord avec vous ! »
« Scandaleux. »
Après un rappel à l’ordre de la présidente, le bourgmestre Paul Magnette a pris à son tour la parole :
« Au nom de collège, je me réjouis de cette motion. Des centaines de travailleurs de notre région sont concernés, et ça pose des questions quant à l’organisation de notre économie et aux droits des travailleurs. Cette motion est complète, elle rappelle la solidarité, mais aussi les différentes règles. Elle est importante, car elle concerne l’ensemble des travailleurs : la tendance est celle de patrons qui cherchent à contourner le droit social, à affaiblir les délégations syndicales, et à mettre la pression sur les travailleurs pour plus de profit. »
Le conseil communal a rappelé l’étendue de cette problématique qui finalement concerne l’ensemble du secteur, voire de la société. Le point s'est clôturé par des applaudissements.
Pendant le reste de la soirée, les conseillers ont pointé du doigt divers sujets :
A.P.