Il y a 75 ans, la Belgique et l’Italie signaient le fameux accord qui a fait venir des italiens pour travailler dans nos mines en échange de charbon. Un accord qui a marqué autant l’Italie que la Belgique. Dans les charbonnages, les conditions étaient très dures pour tous les travailleurs. Mais une solidarité s’était créée. Et l’arrivée des italiens a changé toute notre région. Evocation de cette période difficile mais fondatrice pour notre Vivre Ensemble sur des images issues de nos archives.
Un accord économique, mais des conditions de vie et de travail difficiles
Des bras contre du charbon. L’accord était clair. Ses conséquences ont été importantes. Importantes pour l’économie des deux pays. Mais aussi pour tous ces italiens qui ont débarqué dans un pays inconnu. Pour un travail lourd dans des conditions souvent pénibles.
« Malgré les moyens, témoignait un ancien mineur italien en 1987, produire, c’était le seul but pour la direction du charbonnage, pour le Gouvernement, et pour nous, les mineurs. »
200 kg de charbon par mineur et par jour pour l’Italie. C’était le deal
L’accord entre l’Italie et la Belgique a été signé le 20 juin 1946. L’économie italienne est à genoux. Et la Belgique a besoin de main d’oeuvre pour travailler dans ses mines. L’accord prévoit l’envoi de 50 000 travailleurs italiens. En échange, l’Italie a droit à 200 kg de charbon par mineur et par jour, qu’elle payera au prix plein.
« Au départ, notre point de vue, c’était sacrifier une partie de notre santé, de notre vie, dans le seul but de pouvoir retourner chez nous quelques années après », poursuivait cet ancien mineur en 1987.
Dans le fonds, des conditions de travail inimaginables
Les italiens sont arrivés en masse. Mais dans quelles conditions. Les logements étaient souvent insalubres. Et les conditions de travail inimaginables.
« Le travail, pour moi, c’était dérisoire à côté de ce sentiment de devoir descendre dans cette cage à une vitesse pareille à 1 000 mètres de profondeur et remonter, poursuit encore notre témoin. Je me suis habitué à beaucoup de choses, mais à ça, jamais. »
Ils ont changé le visage de nos régions
Et puis, les accidents se multiplient. Jusqu’au pire de tous. La catastrophe du Cazier. Elle mettra un terme à l’accord belgo-italien. Mais cet accord a surtout amené chez nous toute une génération d’italiens qui ont restés et qui ont changé toute la physionomie de notre pays. Et surtout de notre région. Apportant du soleil dans ce qui était notre Pays Noir.
« Nous sommes ici depuis quarante ans. On est bien ici. Et on a laissé nos familles. Une partie de ceux qu’on connaissait sont morts, nos amis ont fait leur vie. Et nous, on aime bien retourner en Italie en vacances. Mais penser y retourner définitivement, je crois qu’on serait plus déracinés de la Belgique puisqu’il y a trop de liens familiaux, amicaux et économiques. Notre vie, je crois qu’elle est ici… »