A Fleurus, la chaîne de production de masques lancée en 2020 par Deltrian pour renforcer les réserves stratégiques du gouvernement est désormais presque à l'arrêt. Avec le recul de l'épidémie de Covid mais surtout la reprise des activités industrielles en Chine, la production wallonne de masques subit la concurrence asiatique de plein fouet. Les hôpitaux commandent leurs masques en chine car ils sont près de 4 fois moins cher. Le gouvernement pourrait également opter pour cette solution pour sa nouvelle réserve stratégique. Deltrian Protective Equipment (DPE) lance donc un appel à l'aide à la Région wallonne pour éviter la fermeture complète de l'outil.
En juin 2020, la société Deltrian via sa filiale DPE, met en route les deux lignes de production de masques chirurgicaux en Wallonie. Le gouvernement en a commandé 5 millions. Ici, plus ou moins 160 masques peuvent être produits à la minute. Aujourd’hui, presque à l’arrêt depuis de début de cette année.
Un masque chirurgical fabriqué en Chine est presque 4 fois moins cher que les modèles fabriqués chez nous. Pourtant, la Région wallonne avait largement soutenu l’arrivée de l’unité de fabrication fleurusienne. Elle a même subsidié la moitié de l’investissement à hauteur d’environ 800.000 euros. Mais aujourd’hui, le gouvernement qui s’apprête à renouveler son stock de masques, irait au prix le plus bas et donc vers le marché chinois. C’est déjà ce que font de nombreux hôpitaux qui se fournissent hors Europe, pouvant ainsi bénéficier d’un prix plus attractif et non soumis à la TVA de 6% appliquée sur ces fournitures pour le milieu médical chez nous.
Une situation qui met en péril à court terme l’activité de Deltrian Protective Equipement
"La ligne de production fonctionne de façon intermittente. Lorsque nous avons une grosse commande aujourd'hui, elle est de l'ordre d'une centaine de milliers de masques, ce qui représente deux ou trois jours de travail pour notre équipe. Alors on relance la chaîne, ce qui permet également de maintenir la compétence de production dans nos murs. Mais le reste du temps, on est à l'arrêt", précise Timothée De Greift, CEO de Deltrian International.
Le personnel qui travaillait sur la chaîne a été réaffecté dans d’autres branches du groupe Deltrian, spécialisé dans la production de filtres à air. Aujourd’hui, deux solutions sont envisagées.
"La première, c'est en tant que responsable de société voyant qu'il n'y a plus d'activité, de limiter la casse et d'arrêter la société. La seconde alternative, c'est une mise sous cocon de l'outil. Cela représente un budget de 30.000 euros par mois pour la Région wallonne (1 cent par citoyen) mais cela permet de garder la chaine de production opérationnelle en cas de nouvelle pandémie. Le ministre wallon de l'Economie Willy Borsus a été interpellé à ce sujet et il semble réceptif. Tout est désormais entre les mains de la Région", précise le président de Deltrian Protective Equipment Jean-Jacques Cloquet.
Pour le CEO de Deltrian, il est aussi important de revoir les cahier des charges des marchés publics qui souvent n’ont pour seul critère que le prix d’achat des marchandises. "Nous avons une expertise et un savoir-faire wallon à défendre", ajoute-t-il.
Les prochaines semaines seront donc décisives pour cette filiale de Deltrian.
Ch. Baneton