Les médias de proximité manifestent devant le cabinet de la ministre Galant

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En réponse à la réforme des médias de proximité portée par la ministre Galant et à l’absence de concertation avec les travailleurs, les syndicats Setca et CNE ont lancé un appel à la mobilisation. Un appel largement suivi ce mardi matin à Namur.

Ils étaient nombreux à se rassembler devant le cabinet de la ministre des Médias : journalistes, caméramans, rédacteurs en chef, community managers, commerciaux ou encore techniciens. Tous unis, bien au-delà de leurs fonctions, pour défendre leur outil de travail, mais aussi un certain modèle d’information locale, aujourd’hui menacé. « C’est une mobilisation historique », souligne Valérie François, secrétaire permanente CNE. « Les médias de proximité ne sont pas habitués à descendre dans la rue. Mais cette réforme les touche directement, alors ils ne peuvent plus rester silencieux. »

Une menace pour la pluralité de l'information

Le projet de réforme prévoit notamment une réduction drastique du nombre de télévisions locales de 12 à 8. Une mesure que les travailleurs jugent brutale, floue et surtout déconnectée de la réalité du terrain. « Aujourd’hui, on attaque les télévisions locales hennuyères», explique Guy Leonet, secrétaire permanent Setca Charleroi. « Mais demain, ce sera toutes les TV locales qui seront en danger avec la réforme des emplois APE. » Plusieurs médias francophones étaient représentés : Télésambre, Notélé, TV Lux, Boukè, ACTV, Matélé, Canal Zoom… Une seule et même voix pour défendre une information locale, proche du citoyen.

Pour les travailleurs, l’enjeu va bien au-delà de leurs emplois. Ce qu’ils défendent, c’est une presse locale indépendante, diversifiée et accessible. « Les médias de proximité sont essentiels pour l'information au quotidien », rappelle Martial Dumont, rédacteur en chef de Télésambre. Selon lui, si ces médias disparaissent, c’est la pluralité de l’information qui sera mise à mal. « Et ça, on ne peut pas l’accepter. » Même constat pour Gaël Brunin, journaliste à Antenne Centre : « On sent que la ministre avance coûte que coûte avec son idée. Pourtant, sur le terrain, on a l’impression de ne pas être entendus. On aimerait juste pouvoir défendre correctement notre outil de travail. »:

Une réforme sans les travailleurs

Si une délégation syndicale a bien été reçue par la ministre ce mardi matin, la rencontre n’a pas suffi à rassurer les manifestants. Au contraire. « Elle ne veut pas que les travailleurs participent aux réunions de concertation », déplore Olivier Bohain, journaliste à Télésambre et délégué CNE. « Seules les directions sont conviées. » Un sentiment partagé par Raphaël Mahaux, cameraman à Télésambre et délégué Setca : « Elle veut aller vite, trop vite. Il ne reste qu’une seule réunion prévue avant de finaliser la réforme en septembre. Mais nous, on n’est pas d’accord. »

En signe de solidarité, plusieurs journalistes de la RTBF avaient également fait le déplacement. « Toute attaque contre les médias, qu’ils soient publics ou locaux, est inquiétante. Quand on s’attaque aux moyens humains nécessaires à l'information, c’est la démocratie qui vacille », confie Hugues Decaluwé, journaliste à la RTBF

Le 8 juillet, une nouvelle étape

Une nouvelle rencontre est prévue le 8 juillet entre la ministre Galant et les directions des médias de proximité. Les syndicats et les travailleurs comptent bien marquer à nouveau leur présence même s'ils ne sont pas conviés. Car si des économies sont envisageables, elles doivent se faire dans la transparence, avec un réel dialogue social, et dans le respect des spécificités locales. Pour les professionnels mobilisés à Namur, il ne s’agit pas seulement de défendre des emplois, mais aussi de préserver une certaine idée du journalisme de proximité.


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