Ce sont des chiffres pour le moins interpellants publiés par Amnesty et SOS Viol. Suite à une enquête réalisée auprès de 2300 personnes âgées entre 15 à 85 ans, on apprend qu’une personne sur deux en Belgique a été victime de violences sexuelles. 20% des femmes ont été victimes d’un viol soit une sur 5 et un jeune sur 4. Une victime de violence sexuelle sur deux y a été exposée pour la 1ère fois avant l’âge de 19 ans.
"Par violences sexuelles, on entend des demandes répétées à caractère sexuel, c'est l'imposition d'attouchements sexuels, d'imposer des relations sexuelles à son partenaire, de violer et de profiter d'une personne qui a pris des substances ou quand un adulte prend contact avec un mineur pour avoir des rapports ou bien prendre des photos d'une personne sans qu'elle ne le sache" explique Joëlle Demarcelle, directrice de SOS Viol.
Une notion de consentement incomprise
Amnesty International et SOS Viol s’alarment également de la mauvaise compréhension par les jeunes de la notion de consentement. 30% des jeunes de 15 à 25 ans interrogés pensent qu’il est normal d’insister pour avoir des rapports sexuels et que l’on ne peut pas parler de viol si une personne ne dit pas explicitement « non ». 48% des jeunes jugent la victime d’un viol en partie responsable!
"Finalement, je ne suis pas vraiment surprise au regard des personnes que l'on rencontre quotidiennement. On peut constater effectivement que ces chiffres sont proches de la réalité. Une grosse partie du travail de la Maison plurielle concerne l'information, la sensibilisation et la prévention notamment dans les écoles. On a d'ailleurs un projet qui est en train de se concrétiser dans les écoles de Charleroi. On constate quand on rencontre les jeunes que toutes ces questions ne sont pas claires chez les jeunes hommes mais aussi chez les jeunes femmes de savoir qu'est-ce qui est autorisé et qu'est-ce qu'il ne l'est pas et cette notion de forcer" confie Mélanie Arnould, présidente de l'ASBL Maison Plurielle.
23% des femmes ont subi des relations sexuelles forcées par leur partenaire. Tandis que 20% des hommes sondés pensent qu’ils ne peuvent pas être accusés de viol par leur partenaire s’ils ont imposé une relation sexuelle.
Les victimes de viol qu'on culpabilise
Autre constat inquiétant : les préjugés qui peuvent exister face à une victime de viol. 48 % des hommes et 37 % des femmes sondé(e)s estiment que des circonstances atténuantes liées au comportement de la victime peuvent exister dans certains cas, rendant cette dernière en partie responsable de son agression.
"Enormément de culpabilité de la part des victimes. Elles pensent que c'est de leur faute, qu'elles n'auraient pas dû aller dans un tel endroit, où être habillées d'une telle manière, qu'elles auraient dû partir plus tôt. Non seulement les auteurs les en convainquent mais aussi la société" détaille Mélanie Arnould.
Face à ces constats, une vaste campagne de sensibilisation sur le consentement, qui ciblera les garçons et les jeunes hommes, sera prochainement mise sur pied.