Plus de 150 personnes ont mené mercredi une action devant le siège de Fedris, l'agence fédérale des risques professionnels, à Bruxelles, à l'appel de la FGTB, de la CSC et du réseau Médecine pour le Peuple.
Les deux syndicats ont déposé auprès de Fedris 120 demandes d'aides-ménagers et aides-ménagères afin que leurs troubles musculosquelettiques soient reconnus comme maladies professionnelles.
Selon des chiffres de Securex, près d'une aide-ménagère sur cinq, en moyenne, était en incapacité de travail pour cause de maladie en 2023. "Au bout de cinq ans, toutes les aides-ménagères sont atteintes de troubles musculosquelettiques", déplore Jennifer Gérard, déléguée syndicale FGTB dans la région de Charleroi. "J'ai moi-même fait une demande, mais mon dossier a été refusé". Les plaintes concernent principalement des douleurs au dos, aux poignets, aux épaules et aux mains, rapportent la CSC et la FGTB, sur base d'études récentes. "Les certificats médicaux s'enchaînent, les traitements médicamenteux ou infiltrations également. Tout cela fait que notre corps subit. Il est temps que ces douleurs soient reconnues", ajoute Sarah, déléguée syndicale de la CSC.
Malgré ces problèmes physiques qui peuvent mener à des incapacités de travail prolongées, "Fedris continue à refuser régulièrement les demandes de reconnaissance comme maladie professionnelle", dénoncent les syndicats. Ces refus contestés devant le tribunal du travail "aboutissent souvent à une approbation", ajoutent-ils.
Face à cette situation, la CSC et la FGTB ont appelé les travailleuses et travailleurs du secteur à faire part de leurs problèmes physiques. Plus de 500 personnes ont répondu à cet appel, confirmant des douleurs musculaires et articulaires. Des examens médicaux ont également été menés par des médecins du réseau Médecine pour le peuple. À la suite de cette action, une centaine de demandes de reconnaissance de maladie professionnelle ont été transmises à Fedris lors de l'action menée ce mercredi midi à Bruxelles.
Une réunion a par ailleurs eu lieu entre les responsables de la CSC et de la FGTB et des employés de Fedris. "Nous avions en face de nous des responsables administratifs, des médecins et des responsables techniques qui ont été très à l'écoute", confie Sébastien Dupanloup, secrétaire fédéral de la FGTB Titres-services, après cette rencontre. "On a pu leur expliquer notre réalité et eux ont pu expliquer comment ils travaillent".
Fedris travaille en effet avec "des critères similaires pour l'ensemble des travailleurs, quelle que soit leur occupation". Et les troubles musculosquelettiques font partie des principales demandes de reconnaissance de maladie socioprofessionnelle : "Cela représente entre 78 et 80% des dossiers reçus, nous a-t-on indiqué".
"La législation ne changera pas tout de suite, mais nous devons continuer à transmettre les dossiers de demande de reconnaissance, et rappeler aux autorités la nécessité de changer les choses pour améliorer le bien-être des travailleuses et travailleurs", ajoute M. Dupanloup. Concernant les dossiers déposés ce jour, "il ne faudra pas attendre de réponse avant au moins un an", indique le responsable syndical.
Les syndicats et les aides-ménagères appellent ainsi une meilleure reconnaissance des maladies professionnelles et une adaptation de la réglementation pour que certains troubles spécifiques débouchent sur une reconnaissance quasi automatique. Ils appellent également le futur gouvernement fédéral à prendre des mesures concrètes en faveur du secteur.